Après avoir disparu du territoire français depuis 1930, massivement chassés et empoisonnés, les loups se reproduisent à nouveau de plus en plus, évoluant dans une trentaine des départements et repeuplant progressivement notre pays. À tel point que d’après les experts, ils sont actuellement aux portes de Paris.
Depuis quelques temps, une vingtaine de spécialistes regroupant géographes, biologistes ou encore statisticiens, se sont lancés dans une traque au loup depuis près de neuf ans, et affirment accumuler les indices. En collaboration avec l’association Alliance avec les Loups, la plateforme l’Observatoire du Loup affirme avoir entendu des hurlements près d’Etampes (Essonne) mi-septembre 2015 ; une tanière découverte à Montfort-l’Amaury (Yvelines) en avril 2016 ; des empreintes repérées près d’Arpajon (Essonne) le 5 décembre. Tout porte à croire que les loups sont bel et bien aux portes de Paris.
« Nous avons amassé des preuves de la dispersion d’au moins trois canidés sur deux zones entre l’Essonne, les Yvelines et la Seine-et-Marne, sur une superficie de 100 000 hectares au total. Tout porte à croire que les canidés se sont installés, et pas seulement de passage, en provenance de la Marne et de la Haute-Marne », tels sont les propos de Jean-Luc Valérie, président de l’Observatoire du loup.
Dernier indice en date, deux cadavres de chevreuils retrouvés en forêt de Rambouillet (Yvelines) dans la nuit du 28 au 29 décembre. « Le prédateur a brisé la colonne vertébrale de ses proies, éventré le chevillard et consommé l’épaule de la chevrette. C’est une prédation typique des loups, et surtout nous avons la trace des crocs », poursuit Jean-Luc Valérie. Des informations démenties par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), chargée du suivi des populations de loups gris.
« Nous avons expertisé ces chevreuils, croyant à un braconnage. Ils sont en réalité morts de maladie et ont été partiellement consommés par un renard. Nous savons que le loup va finir par arriver en région parisienne, mais à ce jour, nous ne sommes pas en mesure d’affirmer qu’il y est déjà présent, ni qu’il n’y est pas, puisque nous n’avons pas pu expertiser des données fiables, comme l’écartement des canines ou faire des recherches ADN sur des poils ou des crottes. » explique Eric Hansen, délégué régional Centre, Val-de-Loire et Ile-de-France pour l’établissement public.
Des propos que dénoncent l’Observatoire du Loup et Alliance avec les Loups, aspirant à plus de transparence, qui pensent que l’ONCFS peine à reconnaître la propagation de l’espèce pour des raisons de budget. « Classer une nouvelle zone de présence permanente (ZPP) oblige à prévoir des mesures de protection pour les éleveurs, ce qui coûte de l’argent à l’Etat. » , accuse Manoël Atman, le président de l’ONG Alliance avec les loups. Des mesures de protection, auxquelles s’additionnent des indemnités pour les éleveurs de brebis, déjà multipliées par trois depuis 2004. En effet, le loup est une espèce protégée, dont la régulation est strictement encadrée par l’État, ce qui interdit aux éleveurs de défendre leurs troupeaux comme bon leur semble.
Quoi qu’il en soit, il est certain que tôt ou tard, le loup aura recolonisé tout l’hexagone. En effet, les loups quittent leur meute à deux périodes de l’année. Avant l’hiver, quand les jeunes loups ont besoin de manger autant que les plus grands, et qu’une concurrence alimentaire s’installe, puis à la fin de l’hiver, et au moment du rut, quand les conflits pour le statut d’alpha s’installent. Ainsi, ils cherchent un nouveau territoire et s’installent généralement à 200 km de leur meute. Quand ils toqueront aux portes de Lutèce, seront-ils en meute ou en solitaire ?
Par Tom Savigny, le
Source: Le Monde
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