Alors qu’un certain nombre d’études avaient montré que le jeu vidéo pouvait entraîner des changements structurels ou fonctionnels au niveau du cerveau, notamment l’activation des zones responsables de l’attention ou des aptitudes spatiales et visuelles, ces nouveaux travaux révèlent des effets bénéfiques durables sur la mémoire lorsque pratiqué durant l’enfance.

Des effets significatifs

Présentées dans la revue Frontiers in Human Neuroscience, ces nouvelles recherches menées par une équipe de chercheurs de l’Universitat Oberta de Catalunya (UOC) et ayant porté sur 27 sujets âgés de 18 à 40 ans, ont montré que des changements cognitifs bénéfiques pouvaient se produire des années après avoir cessé de jouer aux jeux vidéo.

« Les sujets qui étaient des joueurs assidus avant l’adolescence, bien qu’ils ne jouent plus aujourd’hui, ont obtenu de meilleurs résultats dans les tâches impliquant la mémoire opérationnelle, qui nécessitent de retenir et de manipuler mentalement des informations pour obtenir un résultat », explique Marc Palaus, auteur principal de l’étude.

À l’inverse, les sujets n’ayant pas eu accès aux jeux vidéo durant l’enfance ne présentaient pas d’améliorations en matière de traitement et d’inhibition de stimuli non pertinents, et mettaient davantage de temps pour réaliser les tâches assignées par les chercheurs, ce qui correspond aux résultats observés dans le cadre de travaux antérieurs.

« Les personnes qui pratiquaient régulièrement durant l’enfance ont également obtenu de meilleurs résultats dès le départ dans le traitement des objets en 3D, bien que ces différences se soient atténuées après la période d’entraînement, avec des résultats similaires observés chez les deux groupes », souligne Palaus.

— Federico Rostagno / Shutterstock.com

Séances de jeu vidéo et de stimulation magnétique transcrânienne

S’étant étalée sur un mois, l’étude a analysé les compétences cognitives des participants à trois reprises : avant la période d’entraînement, impliquant des sessions de jeu régulières sur Super Mario 64, à l’issue de celle-ci, et quinze jours plus tard. Les recherches incluaient également dix séances de stimulation magnétique transcrânienne, méthode non invasive permettant de modifier temporairement l’activité du cerveau.

« Cette méthode utilise des ondes magnétiques qui, lorsqu’elles sont appliquées à la surface du crâne, sont capables de produire des courants électriques dans les populations neurales sous-jacentes et de modifier leur activité », détaille Palaus.

Les chercheurs voulaient savoir si la combinaison du jeu vidéo et de ce type de stimulation améliorerait les performances cognitives, ce qui n’a pas été le cas. Parmi les causes possibles, l’équipe cite notamment le caractère expérimental des paramètres de la stimulation.

― korobskyph / Shutterstock.com

« Les jeux vidéo sont la recette parfaite pour renforcer nos capacités cognitives »

Pour ces travaux, le jeu vidéo utilisé était un titre d’aventure/plateforme en 3D, mais il existe de nombreux genres de jeux vidéo susceptibles d’influencer différemment les fonctions cognitives. Selon Palaus, la plupart ont en commun d’impliquer des éléments qui donnent envie de continuer à jouer, avec une difficulté progressive impliquant un défi constant.

« Ces deux éléments suffisent à en faire une activité attrayante et motivante qui, à son tour, nécessite une utilisation constante et intense des ressources de notre cerveau », estime Palaus. « Les jeux vidéo sont la recette parfaite pour renforcer nos capacités cognitives, presque sans que nous nous en rendions compte. »

Néanmoins, les auteurs de l’étude rappellent que ces améliorations n’ont qu’un effet limité sur la réalisation d’autres activités non liées au jeu vidéo, ce qui se révèle également valable pour la plupart des entraînements cognitifs.

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