
Un petit coin de paradis végétal, enfoui depuis des siècles sous les cendres du Vésuve, vient de retrouver vie. Dans ce lieu autrefois dédié à l’expérimentation des parfums, des milliers de fleurs et d’arbres renaissent aujourd’hui, rendant hommage à l’ingéniosité horticole de la Rome antique.
Dans les années 1950, la botaniste Wilhelmina Jashemski a ouvert une porte sur le passé végétal de Pompéi. Grâce à des analyses de pollens, de spores et de restes fossilisés de plantes, elle a révélé que la ville antique, ensevelie par l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C., comptait autrefois de nombreux jardins luxuriants. L’un de ces jardins, récemment restauré, se distingue particulièrement. Aujourd’hui connu sous le nom de « Jardin d’Hercule », d’après une statue du héros mythologique, il était autrefois associé à une parfumerie datant du IIIe siècle avant J.-C.
Ce petit jardin, d’à peine 93 mètres carrés, regorge à nouveau de milliers de roses, de violettes parfumées, de cerisiers, de vignes et de ruscus, entre autres plantes. Le parc archéologique de Pompéi, qui supervise les fouilles et la restauration du site, y voit une véritable vitrine de l’héritage agricole et culturel de la ville antique. Le directeur du parc, Gabriel Zuchtriegel, explique à Tom Kington, du London Times, que « Pompéi regorgeait de jardins, qui sont essentiels pour comprendre la ville ».
Les fouilles menées sur le site ont permis de découvrir de petits flacons en verre et en terre cuite, probablement utilisés pour contenir des onguents parfumés. À l’époque romaine, la fabrication de parfums nécessitait d’importantes quantités de fleurs : pour obtenir l’équivalent d’une cuillère à café de parfum, il fallait environ 2 000 roses. Un tel procédé laissait peu de marge à la production de masse. L’historien des jardins Maurizio Bartolini, qui a participé à la restauration, explique que l’artisan-parfumeur devait cueillir les fleurs à leur apogée, en extraire l’essence et fabriquer une fragrance éphémère qu’il fallait porter dans les jours qui suivaient.
Les archéologues y ont identifié des restes de treillis et de racines d’oliviers, ainsi qu’un ancien système d’irrigation. Un trou aménagé dans le mur permettait aux esclaves d’y verser de l’eau depuis l’extérieur. Celle-ci s’écoulait ensuite dans un réseau de rigoles qui serpentait entre les plates-bandes. De grands pots en argile, appelés dolia, étaient encastrés dans les canaux pour collecter et stocker l’eau, prête à être utilisée. « Si une plante avait besoin de plus d’humidité, il suffisait de puiser dans un dolium », explique Bartolini.
Le jardin servait non seulement d’espace de travail, mais abritait également un petit temple et un coin repas ombragé. Par ailleurs, les fresques érotiques de Pompéi dévoilent la sexualité romaine.