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Ils ont réussi à faire parler une cellule artificielle avec un vrai neurone… et c’est peut-être le début d’un nouveau cerveau

Des chercheurs américains ont réussi à créer un neurone artificiel capable de communiquer avec de vrais neurones biologiques. Une première mondiale qui pourrait bien changer notre manière de soigner, de penser… et peut-être même de créer l’intelligence. Et si le futur du cerveau se construisait désormais à la frontière entre le vivant et la machine ?

Illustration de neurones connectés par une impulsion électrique symbolisant la communication entre cellules nerveuses.
Deux neurones reliés par une impulsion électrique : une image qui illustre les progrès fascinants de la recherche sur le cerveau humain – Dailygeekshow.com

Plongée dans la forêt électrique du cerveau humain : quand 100 milliards de neurones discutent entre eux

Pour commencer, imaginez un réseau de 100 milliards de neurones qui discutent sans relâche. Chacun reçoit un message par ses dendrites, le traite dans son corps cellulaire, et renvoie la réponse le long de son axone. Une conversation permanente, à base d’électricité et de chimie. C’est ce dialogue invisible qui fait battre nos cœurs, bouger nos muscles et jaillir nos idées. En somme, le cerveau est une sorte de réseau social biologique, où chaque cellule échange à une vitesse vertigineuse.

Cependant, quand un neurone meurt, il ne renaît pas. Contrairement à la peau ou au foie, le cerveau ne se régénère pas naturellement. Et ce silence forcé entraîne parfois des maladies comme Parkinson ou Alzheimer, où certaines zones du cerveau perdent leur musique.

C’est pourquoi, depuis des décennies, les chercheurs rêvent de réparer le cerveau en y greffant des neurones artificiels. Pourtant, jusqu’à présent, ces cellules de laboratoire étaient trop bruyantes, trop gourmandes en énergie… bref, trop maladroites pour se fondre dans la symphonie du vivant.

Comment des nanofils protéiques ont permis à un neurone artificiel de chuchoter avec un neurone biologique

C’est précisément là que l’équipe de l’université du Massachusetts entre en scène. Le 29 septembre 2025, dans la revue Nature Communications, elle annonce avoir mis au point un neurone artificiel capable de dialoguer naturellement avec un neurone biologique. Pour la première fois, un prototype électronique n’impose pas sa logique au vivant : il s’y adapte, le comprend et s’y synchronise. En d’autres termes, il apprend à parler la langue du cerveau.

Le secret ? Des nanofils protéiques, de minuscules fils cultivés par des bactéries, capables de transporter des électrons tout en survivant dans les mêmes conditions que les cellules nerveuses : un milieu humide et organique. Ces fils servent ainsi de pont entre la matière vivante et la matière créée par l’Homme.

Et surtout, ce neurone artificiel sait « chuchoter » à la bonne intensité. Là où les anciens modèles parlaient trop fort, celui-ci ne dépasse pas 0,1 volt, soit la même amplitude que nos propres neurones. Grâce à cette prouesse, il peut enfin s’intégrer harmonieusement à un réseau biologique sans le perturber.

Et si demain, ces neurones hybrides pouvaient réparer, penser et apprendre comme les nôtres ?

Dès lors, une question se pose : que faire d’une telle découverte ? Pour l’instant, il s’agit encore d’une expérience en laboratoire. Mais les applications font déjà rêver. Imaginez un implant neuronal capable de remplacer les neurones morts chez des patients atteints de maladies neurodégénératives.

Ou encore des interfaces cerveau-machine si fines qu’elles permettraient de piloter un bras robotique par la pensée, sans effort ni douleur. En clair, cette avancée rapproche la science-fiction de la réalité.

De plus, cette innovation ouvre un nouveau chapitre pour l’électronique neuromorphique – ce domaine fascinant où l’on tente de reproduire le cerveau en silicium. Plus les neurones artificiels seront proches des vrais, plus nos ordinateurs apprendront à raisonner comme nous… ou mieux que nous.

Toutefois, restons prudents : il ne s’agit pas encore de créer un cerveau complet, ni d’imiter la conscience. Ce que ces chercheurs ont accompli, c’est avant tout une preuve de compatibilité, une première conversation timide entre l’Homme et la machine.

Ce neurone artificiel qui murmure au vivant : un petit pas pour la science, un grand pas pour l’humanité

En définitive, comme souvent, les grandes révolutions scientifiques commencent par une expérience minuscule : une cellule, un fil, un courant infime. Ce neurone artificiel qui parle à un vrai ouvre ainsi la porte à une nouvelle ère de la biologie et de la technologie. Entre le vivant et l’artificiel, la frontière devient de plus en plus fine, presque poétique.

Est-ce le début d’un nouveau cerveau hybride ? Peut-être pas demain. Mais une chose est sûre : le dialogue vient tout juste de commencer, et cette conversation pourrait bien transformer notre rapport au vivant, à la pensée et à la machine.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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