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Des robots explorent un iceberg géant en Antarctique et révèlent son impact sur la Terre

C'est la première fois que des mesures sont effectuées aussi près d'un iceberg

Image d’illustration — ggw/Shutterstock.com

Pour la toute première fois, des scientifiques ont réussi à observer de près les effets d’un gigantesque iceberg antarctique grâce à une mission robotique. Baptisé A-68a, cet immense bloc de glace, détaché en 2017 de la plate-forme Larsen C, a été le sujet d’une étude unique en son genre menée par le British Antarctic Survey (BAS). Les résultats révèlent des bouleversements dans les écosystèmes marins et dans les échanges de chaleur et de carbone entre l’océan et l’atmosphère.

Une aventure technologique dans des conditions extrêmes

L’iceberg A-68a représentait à lui seul 12 % de la plateforme glaciaire Larsen C, avec une surface de 5 800 km². Au fil de sa dérive dans l’océan Austral, il s’est lentement morcelé, jusqu’à ce qu’en avril 2021, il soit officiellement considéré comme dissous, ses fragments devenant trop petits pour être suivis.

Mais avant sa disparition, les chercheurs ont lancé une opération de surveillance en février 2021. Deux planeurs submersibles autonomes, surnommés Doombar-405 et HSB-439, ont été déployés pour recueillir des données autour du géant de glace. Une mission rendue encore plus complexe par la pandémie de Covid-19, qui a contraint les scientifiques à piloter les engins à distance, à plus de 12 000 kilomètres.

« Chaque membre de l’équipe travaillait depuis son bureau, scrutant les rares images satellites sans nuages pour localiser l’iceberg et éviter les plus petits morceaux dérivants », explique Natasha Lucas, océanographe physique et chercheuse au BAS.

La tâche n’a pas été sans embûches, puisque l’un des planeurs a été perdu et que l’autre est resté coincé sous l’iceberg à plusieurs reprises. Pourtant, après 17 jours de navigation périlleuse, le robot rescapé est revenu avec une masse précieuse de données.

Des observations sur la fonte sous-marine

Les planeurs ont mesuré divers paramètres de l’océan environnant, tels que la température, la salinité, la concentration de chlorophylle (un indicateur de la vie marine), ainsi que la lumière réfléchie par les particules en suspension. Ces relevés ont permis de confirmer que l’iceberg fondait principalement par en dessous, au contact de l’eau plus chaude.

Cette fonte sous-marine a un impact sur l’équilibre de l’océan. Elle perturbe une couche froide connue sous le nom d’« eau d’hiver », emprisonnée durant l’été austral sous des eaux plus chaudes. Normalement stable, cette couche agit comme un couvercle, retenant les nutriments au fond. Mais la désintégration d’un iceberg comme A-68a bouleverse cette dynamique.

La fonte libère non seulement d’importants volumes d’eau douce, mais aussi des nutriments essentiels tels que le fer et la silice, issus directement de l’iceberg. Ce phénomène déclenche une remontée des eaux profondes vers la surface, alimentant le phytoplancton, base de la chaîne alimentaire marine. De là, toute la vie marine — du krill aux baleines en passant par les poissons et les manchots — est affectée.

Un enjeu crucial pour comprendre les effets du changement climatique

Les résultats de cette étude, publiés dans la revue Nature Geoscience, soulignent l’importance de comprendre les interactions entre glace et océan. En effet, ces interactions influencent directement la biodiversité marine et les échanges de chaleur et de carbone entre l’océan et l’atmosphère. 

Avec le réchauffement climatique, la formation de méga-icebergs comme A-68a pourrait devenir plus fréquente, rendant ces études indispensables. Ces phénomènes modifient la température, la salinité et les nutriments des océans, impactant ainsi les échanges de chaleur et de carbone à l’échelle mondiale.

Par ailleurs, découvrez l’histoire surprenante de l’iceberg qui a coulé le Titanic.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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