L’humanité vit désormais à crédit. À partir du 2 août, nous aurons consommé l’intégralité de ce que la planète peut produire de manière durable. Une date qui arrive de plus en plus tôt chaque année. 

 

Le « jour du dépassement »

Cette date est déterminée à partir d’un calcul effectué par l’ONG Global Footprint Network. Cette organisation américaine recoupe les données de plus de 70 organisations telles que des universités, des institutions scientifiques ou encore l’ONU. Elle cherche ainsi à déterminer l’empreinte écologique de l’humanité, c’est-à-dire la pression exercée par l’homme sur les milieux naturels. Par extension, cet indicateur permet également de calculer le coût pour la nature d’un objet, d’un individu, d’une population en particulier…

En croisant ce facteur avec la biocapacité totale de la terre (sa capacité à produire une offre continue en ressources renouvelables et à absorber les déchets issus de leur consommation, y compris la séquestration du dioxyde de carbone), on est ainsi en mesure de calculer précisément la date à partir de laquelle l’humanité est en train de surconsommer les ressources de la planète. C’est le « jour du dépassement ».

Le jour du dépassement arrive de plus en plus tôt.

Une date qui tombe chaque année plus tôt

Le « jour du dépassement » devrait être cette année le 2 août. Le jour peut changer puisque les données sont encore provisoires. L’an dernier, la date fatidique avait été annoncée au 8 Août avant d’être finalement ramenée au 3. Mais si le jour exact varie d’année en année, la tendance reste la même : depuis 1971 (plus ancienne année où nous disposons des données nécessaires), ce jour tombe sans cesse plus tôt.

Le jour du dépassement avait alors eu lieu le 24 décembre. Dix ans plus tard, c’était en octobre. En 2000, il s’établissait encore au 25 septembre. Aujourd’hui, il nous faudrait donc 1,7 planètes pour satisfaire nos besoins. Seule bonne nouvelle, l’accélération semble moindre ces dernières années.

Une usine en Russie.

Le coût caché de la pollution

Les causes sont multiples : surconsommation de nourriture (notamment via la pêche et l’agriculture intensive), poussée démographique majeure depuis plusieurs décennies (ce qui ne peut que rendre plus importants les besoins de l’humanité), mais surtout modèle économique, et particulièrement énergétique.

« Aujourd’hui, le carbone représente 60% de notre empreinte carbone », explique le militant écologiste Arnaud Gauffier de WWF France. Les quantités de CO2 rejetées dans l’atmosphère sont bien trop importantes pour être absorbées par de massifs forestiers eux-mêmes malmenés de l’Amazone à l’Indonésie. Outre son fameux effet de serre qui contribue grandement au réchauffement climatique en cours, il est responsable de l’acidification des océans. Une menace terrible pour la biodiversité marine.

L’île de Hindragu Hulu dans la province de Riau en Indonésie.

Des mesures urgentes

L’axe privilégié de toute politique de réduction des émissions de gaz carbonique doit être le changement de modèle énergétique. Le respect des accords de Paris permettrait ainsi de repousser le Jour du dépassement au 15 septembre d’ici 2030, ce qui correspondrait à une diminution de l’ordre de 30 % des émissions de gaz à effet de serre. Si le retrait américain de ces accords, décidé par Donald Trump, est un mauvais signal, on peut noter des signes de mieux.

L’essor spectaculaire des énergies renouvelables ces dernières années en est un. En Chine, les pouvoirs publics semblent décider à transformer à marche forcée leur système de production d’énergie (aujourd’hui largement tributaire du charbon, ce qui provoque des problèmes écologiques, mais aussi sanitaires, majeurs). Un choix décisif pour l’avenir de la planète, la Chine étant à la fois la première puissance économique, le pays le plus peuplé et le plus gros pollueur du monde !

Mais la gravité de la situation implique aussi des changements d’attitude au niveau individuel. Limiter sa consommation d’énergie et surtout faire des choix responsables en matière d’alimentation seront des attitudes indispensables si l’on veut préserver une planète vivable. Et donc notre propre avenir.

Photo de la cop21
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