De nouvelles recherches menées par des scientifiques danois suggèrent que les projections du GIEC en matière d’élévation du niveau de la mer au cours des prochaines décennies seraient beaucoup trop optimistes.
Un écart conséquent
Dans son dernier rapport, datant de septembre 2019, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait estimé qu’il était peu probable que l’élévation du niveau des océans dépasse 1,10 mètre d’ici la fin du siècle. Mais les récents travaux de climatologues de l’université de Copenhague, présentés dans la revue Ocean Science, estiment que cette hausse sera probablement plus rapide et importante que ce que prévoient les modèles sur lesquels s’appuie actuellement l’organisation internationale.
D’après les chercheurs danois, dans le pire des scénarios, la hausse pourrait atteindre 1,35 mètre à l’horizon 2100. Cet écart de 25 centimètres environ avec les dernières projections du GIEC a été mis en évidence lors d’une analyse comparative reposant sur l’utilisation de données historiques concernant l’élévation du niveau de la mer.
« Les prévisions réalisées jusqu’à présent étaient trop optimistes », note Aslak Grinsted, co-auteur de l’étude. « Pour dire les choses clairement, les modèles utilisés actuellement pour prédire la hausse du niveau des océans ne sont pas assez sensibles, et n’offrent pas une estimation fiable lorsque nous comparons les scénarios futurs aux observations réalisées au cours des dernières décennies. »
Affiner les modèles et réduire le degré d’incertitude
Les chercheurs, qui ont indiqué avoir adressé au GIEC les résultats de leurs travaux, espèrent que la nouvelle méthode de vérification utilisée permettra d’affiner les modèles de l’organisation et de réduire le degré d’incertitude. Selon l’équipe, ces derniers sont actuellement basés sur un ensemble hétéroclite et incomplet de données en ce qui concerne les calottes glaciaires, dont la fonte actuelle correspondrait au pire scénario envisagé, les glaciers, l’expansion thermique ou la hausse des températures océaniques, qui ont atteint des valeurs record en 2020.
« Il n’existait pratiquement aucune donnée sur le taux de fonte de l’Antarctique avant les observations par satellite dans les années 1990 », souligne Grinsted. « Si les données individuelles, lorsqu’elles étaient testées sur la période allant de 1850 à 2017, reflétaient l’augmentation réelle du niveau de la mer, ce n’était plus le cas lorsqu’elles étaient combinées. »
À terme, l’équipe espère que sa méthode de validation des scénarios futurs via l’étude des données du passé s’imposera dans le domaine de l’analyse de l’élévation du niveau de la mer. « Cette nouvelle mesure pourrait devenir un standard et permettre de comparer efficacement différents modèles », conclut Jen Hesselbjerg Christensen, co-auteur de l’étude.
Par Yann Contegat, le
Source: The Guardian
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