L’examen d’échantillons de charbon de bois et de suie provenant d’une grotte du sud de l’Espagne a révélé que celle-ci avait été utilisée pendant plus de 40 000 ans.
La grotte de Nerja
Située dans la province de Malaga, la grotte de Nerja est connue pour abriter un vaste éventail d’oeuvres pariétales. Allant de simples points et lignes à des représentations zoomorphes élaborées, ces peintures constituent un témoignage frappant de l’évolution culturelle et technique des groupes humains amenés à l’occuper au cours de la Préhistoire.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Scientific Reports, María Ángeles Medina-Alcaide et ses collègues ont utilisé différentes techniques de datation au carbone afin d’estimer l’âge des couches de suie laissées par les torches et les feux utilisés pour éclairer ses parois ainsi que celui des résidus de charbon de bois trouvés au sol.
Offrant un aperçu saisissant de l’histoire de Nerja, ces analyses ont permis d’étendre l’intervalle chronologique d’occupation du site de plus de 10 000 ans. Avec 73 phases distinctes documentées il y a entre 41 218 et 2 998 ans, il s’agit de la grotte européenne où le plus grand nombre d’incursions préhistoriques ont été recensées.
Si les particules de suie les plus anciennes datent du début de la période aurignacienne, coïncidant avec l’arrivée des premiers humains modernes en Europe et caractérisée par le développement des industries osseuse et lithique, il est également possible qu’une partie d’entre elles aient été laissées par les torches de Néandertaliens.
Une « attraction phare » du Néolithique
L’analyse des dépôts de suie sur l’un des stalagmites de Nerja a révélé 64 incursions distinctes entre la fin de l’âge de pierre et l’âge du cuivre (il y a 8 003 à 3 299 ans), suggérant que la grotte ait été visitée une fois tous les 35 ans pendant la période néolithique. Selon Ángeles Medina-Alcaide, lors de ces visites, l’observation des figures préhistoriques à la lumière vacillante des flammes pouvait créer une certaine impression de mouvement.
L’équipe a également découvert qu’un type particulier de pin avait été utilisé tout au long de la Préhistoire, malgré la disponibilité d’autres espèces de bois dans l’environnement proche. Ce qui suggère que les vagues successives d’occupants humains auraient toutes identifié cet arbre particulier comme la meilleure ressource pour créer leurs torches.
En matière de durée totale d’occupation, Nerja est devancée par une autre grotte espagnole : la Cueva de Ardales, ayant servi de lieu d’expression artistique et de sépulture pendant plus de 50 000 ans.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
Étiquettes: grotte, préhistoire, espagne
Catégories: Actualités, Histoire