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Les origines de la grande famine irlandaise enfin identifiées

Une tragédie d’une ampleur incroyable qui a provoqué la mort d’un million d’Irlandais

Grande Famine Irlande
— © Daniel MacDonald / Wikimedia Commons

Le mystère des origines du mildiou de la pomme de terre, responsable de la famine irlandaise du XIXe siècle, a longtemps suscité des débats parmi les scientifiques. Aujourd’hui, une étude génétique d’envergure vient enfin trancher cette question. Selon les résultats, le champignon pathogène Phytophthora infestans, responsable de cette maladie dévastatrice, provient des Andes, en Amérique du Sud. 

Une catastrophe agricole aux conséquences historiques

En 1845, un micro-organisme dévastateur a frappé l’Irlande, causant de graves dommages. Ce champignon pathogène, Phytophthora infestans, responsable du mildiou de la pomme de terre, a engendré une famine catastrophique qui a tué plus d’un million de personnes et forcé des millions d’autres à émigrer. Depuis lors, les scientifiques ont cherché à retracer l’origine de cette maladie. Les hypothèses principales plaçaient son apparition soit dans les hauts plateaux du Mexique, où d’autres agents pathogènes similaires ont été identifiés, soit dans les Andes, berceau de la domestication de la pomme de terre.

À ce jour, le Phytophthora infestans continue de causer des pertes colossales dans les cultures de pommes de terre et de tomates à travers le monde, générant des milliards de dollars de dégâts chaque année. Connaître son origine pourrait permettre d’anticiper et de combattre plus facilement les futures épidémies.  

Grâce aux avancées de la génétique, une équipe de chercheurs dirigée par Allison Coomber et Jean Ristaino de l’université d’État de Caroline du Nord a finalement résolu cette énigme. Leur étude, publiée dans la revue PLOS ONE, s’appuie sur une analyse détaillée des génomes de plusieurs espèces proches de Phytophthora infestans.

Tubercule de pomme de terre atteint par le mildiou

Un parcours évolutif et migratoire confirmé

Le débat sur l’origine géographique du mildiou a longtemps divisé les scientifiques. Certains penchaient pour le Mexique, où le pathogène se reproduit sexuellement, tandis que d’autres privilégiaient les Andes, en s’appuyant sur des preuves génétiques. L’étude récente apporte désormais des données concluantes.  

L’étude a comparé les séquences génétiques complètes de Phytophthora infestans avec celles de six autres espèces apparentées. Parmi elles, P. andina et P. betacei, qui sont originaires des Andes, ainsi que P. mirabilis et P. ipomoeae, trouvées principalement au Mexique. Des échantillons historiques datant de la famine irlandaise ont également été inclus dans l’analyse.

Les résultats montrent que les espèces mexicaines forment un groupe distinct, tandis que Phytophthora infestans partage une proximité génétique marquée avec les espèces andines. Ces résultats indiquent que l’ancêtre commun du mildiou et des espèces apparentées a divergé de l’espèce mexicaine il y a environ 5 000 ans. P. infestans s’est ensuite propagée vers d’autres régions, notamment le Mexique et l’Europe, à travers le commerce et la mondialisation croissante.

Les archives historiques corroborent également ces résultats. Lors de l’apparition du mildiou en Europe et aux États-Unis en 1845, certains rapports indiquaient que cette maladie était déjà connue des populations autochtones des Andes, qui cultivaient des pommes de terre.  

Un creuset d’évolution microbienne

L’étude révèle également un flux génétique important entre Phytophthora infestans et ses proches andins. Ces échanges génétiques suggèrent que les Andes ne sont pas seulement le berceau de cette espèce, mais aussi un lieu clé de son évolution continue. Les chercheurs ont constaté que ces espèces s’hybrident souvent, générant de nouvelles combinaisons génétiques. Ces hybridations pourraient donner naissance à des souches plus virulentes, capables de contourner les résistances des plantes. 

Les résultats de cette étude suggèrent que la recherche de solutions passe inévitablement par l’exploration des variétés andines de pommes de terre. « Lorsqu’on connaît le centre d’origine d’un pathogène, c’est là que l’on trouve des résistances naturelles », explique Jean Ristaino. En d’autres termes, la sélection et l’édition génétique des plants de pommes de terre devraient se concentrer sur ces variétés anciennes pour renforcer leur résistance.

Le mildiou de la pomme de terre continue aujourd’hui encore à causer des pertes colossales dans les cultures du monde entier. En Europe, de nouvelles souches résistantes aux fongicides sont apparues, rendant la lutte contre la maladie plus difficile. La compréhension de ses origines et de son mode de propagation pourrait ouvrir de nouvelles pistes pour lutter efficacement contre cette menace.

Par ailleurs, retour sur l’année 536, considérée comme la pire dans l’histoire de l’humanité.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: ZME Science

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