
L’analyse d’ossements d’une espèce humaine archaïque, qui vivait dans ce qui est aujourd’hui l’Afrique du Sud il y a plus de 300 000 ans, brosse un tableau plus nuancé de l’évolution des mains humaines.
Des caractéristiques humaines et simiesques
En comparant les os de doigts fossilisés du controversé Homo naledi à ceux d’un hominidé vieux de 2 millions d’années appelé Australopithecus sediba, Samar Syeda et ses collègues ont découvert qu’en dépit du « fossé temporel » les séparant, les deux espèces possédaient des éventails intrigants de caractéristiques humaines et simiesques.
Il s’est notamment avéré que le pouce et l’auriculaire d’A. sediba permettaient déjà une prise ferme, essentielle aux activités dextrogyres (telles que la taille de silex) documentées chez des espèces d’hominidés ultérieures. De façon assez intrigante, certains doigts d’H. naledi étaient constitués d’os typiquement humains, et d’autres plus proches de ceux des primates modernes.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Science Advances, ces découvertes remettent en question l’idée d’une transition linéaire et brutale, avec une perte de « préhension simiesque », essentielle à la locomotion dans les arbres, et l’émergence d’une structure osseuse permettant des manipulations plus délicates.

Grimpeurs préhistoriques
Les mains d’H. naledi semblant bien adaptées aux techniques de préhension privilégiées par les escaladeurs modernes, Syeda pense que ces aptitudes auraient été précieuses pour l’espèce, dont les premiers témoignages avaient été exhumés en 2015 des grottes de Rising Star, proches de la ville de Johannesbourg.
« Il s’agit de cavités très profondes, avec un dénivelé important », souligne-t-elle. « Grimper était le seul moyen de les atteindre et d’en sortir. »
Globalement, ces travaux indiquent une variation remarquable de la morphologie des mains parmi les hominidés préhistoriques, reflétant de multiples adaptations comportementales il y a entre 2 et 0,3 millions d’années, plutôt qu’une « trajectoire linéaire vers une dextérité croissante ».
En début d’année, une mâchoire fossilisée vieille de 1,4 million d’années que l’on pensait appartenir à H. naledi avait été attribuée à une nouvelle espèce d’hominidé.