
Les fouilles d’une carrière équatorienne ont livré les premières « bio-inclusions » d’Amérique du Sud, offrant un aperçu précieux des environnements de la région à l’époque du Crétacé.
Monde disparu
Suite à l’annonce de la découverte d’un gisement d’ambre dans la carrière de Genoveva (est de l’Équateur), Xavier Delclòs, de l’université de Barcelone, et ses collègues s’y sont rendus en 2022. Il s’est avéré que la résine fossilisée était celle de conifères de la famille des Araucaria, qui couvraient la région il y a 112 millions d’années, lorsqu’elle faisait partie du supercontinent Gondwana.
Ce matériau provient essentiellement des sections supérieures des arbres, impliquant le piégage potentiel des organismes y évoluant, et de leurs racines. Au total, l’équipe a collecté 60 spécimens prometteurs, qui ont été minutieusement analysés en laboratoire. Plus d’un tiers d’entre eux se sont révélés renfermer des « bio-inclusions », comprenant insectes préhistoriques, fragments de végétaux, et même une toile d’araignée.
« C’est la première fois que de l’ambre mésozoïque [ère géologique s’étendant de 252 à 66 millions d’années] est découvert en Amérique du Sud, et il s’agit probablement d’espèces nouvelles pour la science », écrivent les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Communications Earth & Environment.
Parmi les créatures identifiées, des mouches, des guêpes, des moucherons, un coléoptère et des moustiques, suggérant des environnements humides (lacs, rivières et marécages). Selon Delclòs, un hypothétique voyageur temporel se retrouvant catapulté dans la région à cette époque lointaine aurait besoin d’un puissant anti-moustiques et devrait également composer avec des dinosaures carnivores.

Une préservation exceptionnelle
L’équipe souligne la conservation remarquable de ces anciennes formes de vie, avec des structures externes (exosquelettes) figées pour l’éternité dans l’ambre. « On pourrait croire qu’ils sont morts récemment alors qu’ils ont plus d’une centaine de millions d’années », s’enthousiasme Delclòs.
S’il est fort probable que ces moustiques préhistoriques se nourrissaient du sang des dinosaures, un scénario « à la Jurassic Park » (avec des reptiles géants recréés à partir de minuscules fragments de matériel génétique) relève aujourd’hui du fantasme, en raison d’une préservation naturelle de l’ADN ne dépassant pas quelques millions d’années.
Quoi qu’il en soit, ces découvertes fossiles offrent un rare « instantané » d’un écosystème depuis longtemps disparu. « Elles fournissent des informations précieuses sur une région pour laquelle nous disposions jusqu’à présent de peu de données », concluent les chercheurs.
L’an passé, des chercheurs avaient découvert un écosystème fossile vieux de 320 millions d’années aux États-Unis.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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Catégories: Actualités, Histoire