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Des fosses vieilles de 5 000 ans en Allemagne révèlent des rituels funéraires troublants

Maisons incendiées, sacrifices de chiens, crânes humains…

squelette
Image d’illustration ― a40757 / Shutterstock.com

Une incroyable découverte vient d’être faite en Allemagne. Des chercheurs ont mis au jour douze fosses rituelles vieilles de plus de 5 000 ans près de Gerstewitz, en Saxe-Anhalt, dans l’est du pays. Ces structures mystérieuses, appartenant à la culture néolithique de Salzmünde, contiennent un véritable puzzle archéologique : des crânes humains, des restes de chien soigneusement disposés, des poteries intactes et même des vestiges de maisons incendiées. Explications.

Cérémonies du feu et culte des ancêtres

Ces fosses circulaires, profondes de plus de deux mètres, pourraient témoigner de rituels complexes mêlant sacrifices animaux, pratiques funéraires et troubles sociaux. Ce site inédit a été découvert dans le cadre des travaux préparatoires du projet SüdOstLink, une nouvelle ligne de transport d’électricité à haute tension. Les fouilles sont menées par l’Office d’État pour la gestion du patrimoine et l’archéologie de Saxe-Anhalt, en collaboration avec l’opérateur de réseau 50Hertz.

Chaque fosse semble bien plus qu’un simple trou creusé pour enterrer des restes. D’après les archéologues, l’organisation minutieuse des objets retrouvés laisse penser à des rituels complexes, réalisés en plusieurs étapes. Feu maîtrisé, sacrifices d’animaux, dépôts soigneusement orchestrés… tout indique une dimension cérémonielle. Dans l’une des fosses, deux vases en céramique ont été retrouvés parfaitement intacts. Un indice qui témoigne de leur fonction symbolique.

Parmi les trouvailles figurent des ossements de chien encore articulés, mais partiellement brûlés, aux côtés d’un crâne humain étonnamment bien conservé. Ce contraste suggère que le crâne a été déposé bien après les restes du chien, ou que ces derniers ont été conservés ailleurs avant leur mise en terre rituelle. De quoi imaginer des fosses ouvertes sur de longues durées, utilisées pour des cérémonies à plusieurs temps.

Les chercheurs ont également identifié un ancien four domestique transformé en tombe, renfermant deux corps humains. Ceux-ci auraient été exposés ailleurs avant leur enterrement final, soulignant un geste symbolique fort : celui de détourner des éléments du quotidien pour leur donner une nouvelle signification sacrée.

Défis climatiques et évolutions culturelles

Les fosses rituelles découvertes à Gerstewitz, datées entre 3400 et 3050 avant notre ère, s’inscrivent dans une période charnière pour l’Europe centrale. À cette époque, les populations de la culture de Salzmünde vivaient dans la vallée de la Saale, un territoire en pleine mutation, aussi bien sur le plan environnemental que culturel. Les archéologues décrivent une dégradation progressive du climat : les sols deviennent plus humides, les températures chutent. Un bouleversement qui aurait fragilisé l’agriculture, pilier de la subsistance néolithique.

Face à ces difficultés, les communautés locales auraient réagi en adaptant leur mode de vie, mais aussi leurs pratiques rituelles. Les sacrifices d’animaux, les objets brûlés et les dépôts orchestrés dans les fosses pourraient être des réponses symboliques à une insécurité grandissante. Mais les tensions ne se limitaient pas à l’environnement. En effet, cette période voit également l’expansion de la culture de Bernburg, voisine mais distincte, qui entre en contact, voire en rivalité, avec les groupes de Salzmünde. Un chevauchement territorial qui pourrait traduire des conflits d’appropriation ou bien des ruptures dans les anciens équilibres.

Pour Susanne Friederich, de l’Office du patrimoine archéologique de Saxe-Anhalt, ces rituels révèlent « un besoin de continuité dans un monde bouleversé par des changements sociaux et environnementaux majeurs ». Elle souligne également le caractère collectif de ces gestes : loin d’actes isolés, ils seraient des tentatives communautaires de restaurer un ordre menacé. Ces fosses deviennent alors des lieux de cohésion face au chaos, bien plus que de simples témoignages du passé.

Malgré les découvertes majeures réalisées à Gerstewitz, de nombreuses zones d’ombre subsistent : pourquoi brûler des habitations et enterrer des chiens aux côtés des morts ? À qui s’adressaient vraiment ces rituels ? Les futures analyses ADN pourraient lever le voile sur ces questions restées sans réponse.

Par ailleurs, les crânes cloutés, cette troublante pratique funéraire, a enfin été expliquée.

Par Cécile Breton, le

Source: Arkeonews

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