Il représente l’un des plus grands enjeux pour nos sociétés modernes : le changement climatique est plus que jamais au cœur des débats. Malgré de nombreuses réunions au sommet et la signature d’accords internationaux, le problème est loin d’être réglé… Une étude récente vient d’ailleurs tirer la sonnette d’alarme : la fonte des glaciers atteint un point de non-retour. 

 

Les accords climatiques impuissants face à la fonte des glaciers

Le couperet est tombé récemment : des chercheurs des universités de Brême (Allemagne) et Innsbrück (Autriche) ont publié une étude sur la fonte des glaciers qui démontre que ce processus ne peut tout simplement pas être évité au XXIe siècle. Même en stoppant toutes les émissions de gaz polluants, la fonte va continuer inexorablement. Néanmoins, l’étude démontre que l’activité humaine aura un impact énorme au-delà de ce siècle, étant donné que les glaciers réagissent très lentement au changement climatique.  La genèse de cette étude remonte au moment de la conférence sur le climat de Paris, il y a plus de deux ans.

Lors de la COP21 (convention sur le changement climatique) qui s’est tenue à Paris en 2016, 195 états membres des Nations Unies se sont mis d’accord pour limiter le réchauffement global de la planète à moins de 2 °C – 1,5 °C idéalement. À priori, cela devrait réduire les risques de changement climatique, en tout cas, c’est l’objectif. Mais quel sera l’impact sur l’évolution des glaciers ? C’est la question que se sont posés les chercheurs sur le climat Ben Marzeion et Nicolas Champollion de l’Institut de Géographie de Brême ainsi que Georg Kaser et Fabien Maussion de l’Institut de Sciences atmosphérique et cryosphérique d’Innsbrück.

Une vallée glaciaire qui fond progressivement

 

Un processus lent mais inexorable

Les chercheurs ont enquêté sur le sujet en calculant les effets des clauses de cet accord climatique – en admettant qu’elles soient respectées – sur la fonte des glaciers. Georg Kaser explique que « la fonte des glaciers a un impact énorme sur la montée du niveau des mers ». De ce fait, il affirme qu’ils ont « pris en compte dans leurs calculs tous les glaciers du globe (hormis le Groenland et l’Antarctique) en modelant différents scénarii climatiques ». Que la température du globe monte de 2 °C ou même 1,5 °C, cela ne fait pas de différences notables pour la fonte des glaces dans les 100 prochaines années.

Ben Marzeion pousse un peu plus loin ce raisonnement : « Environ 36 % de la glace composant encore les glaciers va fondre même s’il n’y a plus d’émissions de gaz à effet de serre. » Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Selon Marzeion, cela veut dire « que plus d’un tiers des glaciers toujours existants ne peuvent plus être sauvés, même avec les mesures les plus ambitieuses possibles ». Néanmoins, l’étude laisse une raison d’espérer que nos actions présentes pourront modifier les changements climatiques sur le long terme.

Les représentants d’Etat à la Cop 21 de Paris

Des motifs d’espoir sur le long terme ?

Si l’on regarde au-delà de notre siècle, il subsiste des motifs d’espoir. Il est bon de rappeler que la réalité du temps des hommes n’est pas égale à celle du temps géologique. D’après les quatre chercheurs, la différence peut se faire sur le long terme et une hausse de 2 °C ou 1,5 °C n’aura pas le même impact. Kaser, le glaciologue autrichien explique l’idée : « Les glaciers ont un temps de réaction très lent par rapport au changement du climat : si par exemple, nous voulions préserver le volume actuel de glace, nous devrions atteindre une température des temps pré-industriels, ce qui est clairement impossible. »

Le chercheur poursuit son raisonnement : « Dans le passé, les émissions de gaz à effet de serre ont déclenché des changements qui ne peuvent plus être stoppés. Cela signifie aussi que notre comportement présent aura un impact sur l’évolution des glaciers sur le long terme. » Pour rendre ce raisonnement tangible, les chercheurs ont donc calculé qu’un kilo de CO2 émis aujourd’hui détruira quinze kilos de glace sur le long terme. Leur calcul a été fait à partir d’un modèle de voiture allemande récente (2016). Ben Marzeion résume cela : « Tous les 500 mètres parcourus par cette voiture, un kilo de glacier disparaît. »

Un groupe de manchots perdus sur la banquise

À la lumière de cette étude très instructive, il semble que la conclusion soit en demi-teinte. S’il apparaît clairement que la fonte des glaces ne pourra pas être endiguée, il est encore possible que les efforts entrepris aujourd’hui soient payants sur le long terme. En effet, le succès de nos actions ne pourra être révélé que dans des centaines d’années. Cela ne veut pas dire qu’ils sont inutiles.

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