
Margaret Hamilton était bien plus qu’une brillante programmeuse. Sans son génie et sa rigueur, Apollo 11 aurait pu s’écraser sur la Lune. Le 21 juillet 1969, Neil Armstrong marche sur la Lune. Mais dans l’ombre de ce « grand bond pour l’humanité », une femme aux lunettes larges et à la chevelure soignée a récrit l’histoire de l’informatique. Sans Margaret Hamilton, l’alunissage aurait très probablement échoué.
De la passion pour les maths à la conquête du MIT et de la NASA : le parcours fulgurant de Margaret Hamilton
Née le 17 août 1936 dans l’Indiana, Margaret Hamilton se passionne très tôt pour les mathématiques. Dès l’obtention de son diplôme à 22 ans, elle enseigne la discipline tout en soutenant son mari à Harvard. Cependant, elle réalise rapidement qu’elle veut bien plus que verser du thé aux étudiants en droit.
En 1960, à seulement 24 ans, elle rejoint le MIT pour travailler sur des logiciels de prévision météo. Ensuite, en 1961, elle programme pour le projet SAGE, un des premiers systèmes de défense antimissile. On lui attribue un programme illisible, truffé de commentaires en grec et en latin. Pourtant, elle le fait fonctionner. C’est la première à réussir cet exploit. Grâce à ce succès, elle rejoint le laboratoire Draper du MIT, chargé du logiciel de navigation d’Apollo.
Quand sa fille déclenche un bug… et qu’elle sauve la mission Apollo
En tant que responsable du logiciel embarqué, Hamilton s’investit corps et âme. Elle travaille nuit et jour, souvent accompagnée de sa fille. Un jour, l’enfant joue avec le simulateur et déclenche un bug. En effet, elle active le programme d’atterrissage au mauvais moment. Margaret alerte aussitôt ses supérieurs. Malgré ses remarques, ils balaient ses craintes : « Nos astronautes ne font pas d’erreurs. »
Pourtant, lors de la mission Apollo 8, la même erreur survient. Grâce à ses recommandations, le bug est corrigé. Son système de hiérarchisation des tâches sauve littéralement la mission Apollo 11. Alors que l’ordinateur de bord surchauffe, il élimine les tâches secondaires et préserve l’essentiel : le guidage. Ainsi, sans ce logiciel, Armstrong n’aurait probablement jamais posé le pied sur la Lune.
De pionnière de la NASA à fondatrice du « software engineering »
Après Apollo, Margaret Hamilton fonde sa propre entreprise et invente le concept de « software engineering ». En 2003, elle reçoit enfin une récompense de la NASA pour son travail. De plus, en 2017, Barack Obama lui remet la médaille présidentielle de la Liberté.
Dans une interview accordée à la NASA, elle raconte : « Il n’y avait pas de seconde chance. […] Parce que le logiciel était un mystère, la direction avait une foi et une confiance totales en nous. Nous devions trouver un chemin, et nous l’avons fait. »
Sans Margaret Hamilton, l’informatique moderne ne serait pas ce qu’elle est. Et peut-être, l’humanité n’aurait jamais mis le pied sur la Lune.
Par Eric Rafidiarimanana, le