Lors d’une expédition dans des régions reculées du Myanmar, un groupe de scientifiques spécialisés dans l’étude des reptiles a fait une incroyable découverte. Celle de dix-neuf nouvelles espèces de geckos rassemblées dans une minuscule zone de roche calcaire.
Dix-neuf nouveaux geckos
On a parfois tendance à penser que nous avons découvert la majorité des espèces animales qui vivent sur la terre ferme et qu’il ne reste qu’à explorer les océans. Ce qu’a découvert Lee Grismer, de l’Université de La Sierra (Californie), montre bien qu’il ne faut pas se fier aux apparences : même une toute petite surface peut renfermer des trésors de biodiversité.
Dans un papier publié dans le Journal of Natural History, le scientifique explique avoir mené une expédition au Myanmar (anciennement Birmanie), dans la région de l’état Shan, situé à l’Est du pays. L’équipe, spécialisée dans herpétologie, l’étude des reptiles, s’est notamment intéressée à un ensemble de structures rocheuses, le karst, d’environ 4500 km².
C’est dans cet ensemble rocheux, composé de collines, grottes et tours calcaires, de 90 km de long pour 50 km de large, que Lee Grismer a découvert dix-neuf nouvelles espèces de geckos, toutes rassemblées dans cette minuscule zone. « J’ai été très surpris à la fois par le nombre d’espèces découvertes et par leur proximité« , raconte Lee Grismer au site Mongabay.
Pour l’instant, seules 15 espèces sur les 19 découvertes ont été décrites dans la publication au Journal of Natural History. Les quatre autres auront droit à une publication séparée. Parmi ces quinze premiers spécimens, trois ont été identifiés comme étant des geckos nains du genre Hemiphyllodactylus tandis que les douze autres sont des espèces de geckos dites « à orteil plié » du genre Cyrtodactylus.
Une quête ardue
Pour dénicher ces geckos, qui sont surtout actifs la nuit, les chercheurs ont dû être guidés par des habitants de villages situés à proximité de la zone, par des guides de forêt ou encore par des moines bouddhistes. L’équipe a alors passé plusieurs nuits à rechercher les petits reptiles dans le labyrinthe de tours et grottes de calcaire.
« Certaines de ces grottes étaient inoccupées et nous avons dû marcher sur une bonne distance pour les atteindre« , raconte Lee Grismer. Comme le rapporte un article de l’Université de La Sierra, il a même fallu à l’expédition de traverser des zones occupées par des milices armées et conduire certaines recherches sous la proche surveillance de ces soldats.
Un niveau de biodiversité unique
Pour Lee Grismer, cette découverte tend également à montrer que ces roches calcaires abritent également « un degré sans précédent de biodiversité« , aussi bien pour les animaux invertébrés comme les insectes ou les mollusques, mais aussi pour les animaux vertébrés, comme les geckos.
Ce karst se trouve en plus entouré de toute une multitude de rizières, comme une île au milieu d’un océan. Pour Grismer, cette zone isolée joue comme un rôle de refuge pour les espèces plutôt adaptées à un milieu forestier, ce qui leur permettrait de survivre.
Il est alors d’autant plus primordial de continuer à financer des expéditions pour dénicher d’autres écosystèmes de biodiversités comme celui-ci. Tony Whitten, de l’organisation britannique Fauna & Flora International, qui a financé les expéditions de Lee Grismer (et qui a eu l’honneur de voir son nom donné à l’une des espèces de geckos trouvé dans la grotte Phapant, le Hemiphyllodactylus tonywhitteni) espère en revanche que ces animaux nouvellement découverts pourront servir d’ambassadeurs pour cette région.
En effet, certaines parties de la zone rocheuse du périmètre de recherche de l’expédition faisaient l’objet d’opérations minières. Whitten explique : « Lorsque les évaluations pour des projets de développement sont réalisées dans ces zones, il n’est pas suffisant de simplement repérer les mammifères et oiseaux. Eux peuvent marcher, courir, sauter ou s’envoler pour fuir le danger. Il faut plutôt porter son attention sur les geckos et la faune caverneuse qui se limite à ces collines et grottes. Ne pas le faire peut mener à la disparition des espèces » .
Par Corentin Vilsalmon, le
Source: Mongabay
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