Des scientifiques ont présenté les premières données cliniques montrant que des modifications génétiques impliquant la technique CRISPR peuvent être réalisées de façon efficace et sûre directement dans l’organisme.
Un traitement « in vivo »
L’outil d’édition génétique CRISPR, qui effectue des modifications précises par copier-coller du génome à l’intérieur des cellules, s’est révélé très prometteur pour le traitement d’un large éventail de maladies. S’il fait actuellement l’objet de nombreux essais sur l’Homme, dans la quasi-totalité d’entre eux, la modification proprement dite a lieu à l’extérieur du corps : les cellules sont prélevées sur le patient, modifiées, puis réimplantées.
Publiées dans le New England Journal of Medicine, les données intermédiaires des six premiers patients d’un essai de phase 1 actuellement mené par Intellia Therapeutics et Regeneron Pharmaceuticals constituent les premiers résultats d’un essai clinique CRISPR impliquant l’édition de gènes humains « in vivo » (directement à l’intérieur du corps humain).
L’essai porte sur un candidat CRISPR appelé NTLA-2001 comme traitement de l’amylose à transthyrétine (amylose ATTR). Cette maladie héréditaire rare est due à des mutations du gène TTR, qui entraînent la production par le patient de protéines de transthyrétine (TTR) mal repliées. Ces protéines anormales s’accumulent alors sur les nerfs et autour des organes, entraînant des douleurs et des complications pouvant s’avérer fatales.
Des résultats impressionnants
Pour cette première partie du nouvel essai, les chercheurs ont administré le NTLA-2001 par voie intraveineuse à six patients atteints d’amylose ATTR. Un groupe a reçu une dose de 0,1 mg par kilogramme de poids corporel, tandis que le second groupe a reçu 0,3 mg/kg. Les niveaux de protéines TTR dans leur sérum sanguin ont ensuite été mesurés pendant 28 jours.
Les participants du groupe ayant reçu 0,1 mg ont vu leur taux de TTR diminuer en moyenne de 52 %, le groupe ayant reçu 0,3 mg a connu une réduction moyenne de 87 %, tandis qu’un patient du groupe ayant reçu la dose la plus élevée a présenté une réduction impressionnante de 96 %.
Les chercheurs affirment que la dose la plus élevée se révèle plus efficace que le patisiran, traitement standard actuel de la maladie, qui réduit habituellement les taux de TTR d’environ 80 %. L’autre avantage principal est que le NTLA-2001 est un traitement à dose unique, alors que le patisiran nécessite des doses continues. L’étude n’a pas non plus relevé d’effets indésirables graves.
« Ces données intermédiaires font de NTLA-2001 le seul traitement ponctuel actuellement en développement »
« L’amylose ATTR est une maladie progressive et mortelle qui nécessite généralement un traitement chronique à vie », déclare le chercheur Julian Gillmore, qui a coordonné les travaux. « Ces données intermédiaires de phase 1 font de NTLA-2001 le seul traitement ponctuel actuellement en développement. »
Les chercheurs testent actuellement un dosage plus élevé (1 mg/kg) sur une nouvelle cohorte, et prévoient de lancer les essais cliniques de phase 2, impliquant un échantillon plus important de patients, d’ici la fin de l’année.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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