C’est un acte fort et lourd de significations pour la communauté homosexuelle qui a eu lieu le 7 novembre dernier en Écosse. La première ministre du pays a officiellement présenté des excuses à tous les hommes condamnés par le passé à cause de leur orientation sexuelle. Une signe fort qui rappelle à quel point le pays a été injuste et cruel envers cette communauté.

S’EXCUSER DES INJUSTICES PASSÉES

Le 7 novembre dernier, la communauté homosexuelle écossaise a été au cœur d’un discours engagé mais surtout très émouvant prononcé au Parlement par la Première ministre, Nicola Sturgeon. Également leader du parti SNP, la Première ministre a tenu à s’excuser publiquement des décisions prises par l’État par le passé et des peines subies par les hommes homosexuels. Nicola Sturgeon a insisté sur le fait que ce soit des « torts de l’État » et que ces derniers aient été votés au détriment des individus.

« Ces lois discriminatoires, bien qu’abolies, continuent d’avoir de nos jours des répercussions pour ces personnes, je demande pardon, de manière catégorique, sans équivoque et sans réserve pour ces lois, la souffrance et le mal qu’elles ont représentés ».

 

QUELLES ÉTAIENT LES LOIS EN VIGUEUR EN ÉCOSSE AVANT LA DÉPÉNALISATION ?

Il faut savoir que les « actes homosexuels consentis entre hommes âgés de plus de 21 ans » ne sont autorisés en Écosse que depuis 1981. Avant cette date, les personnes homosexuelles étaient, selon l’État, dans l’illégalité, et ce, depuis le règne d’Henri VIII.

En 1707, l’Écosse adopte, suite à l’acte d’Union à l’origine de la création de la Grande-Bretagne, le « Buggery act » (les relations sexuelles entre hommes) comme un acte passible de pendaison jusqu’en 1861. Par la suite et jusqu’à sa dépénalisation, ce « crime » était passible de peine de prison.

Dans les années 50, la lutte contre l’homosexualité s’intensifie dans l’ensemble de la Grande-Bretagne. L’un des exemples les plus marquants est le cas d’Alan Turing, célèbre mathématicien, condamné à la castration chimique à cause de son orientation sexuelle. En 1954, le procès de Michael Pitt-Rivers, Peter Wildeblood et le baron Edward Douglas-Scott-Montagu fait également beaucoup de bruit. Jugés pour avoir commis des « actes indécents », ils ont été condamnés et persécutés malgré les promesses faites par le Director of Public Prosecutions en charge de l’affaire.

QU’EST-IL PRÉVU POUR DÉDOMMAGER LES VICTIMES ?

Malgré ces excuses publiques lourdes de sens, aucune indemnisation n’est prévue pour les homosexuels condamnés par le passé. Cependant, un processus va être mis en place pour que les « condamnations antérieures pour certains délits sexuels historiques » soient ignorées et une grâce rétroactive automatique va également être appliquée.

Insistant sur le fait que ces lois étaient soutenues ou tolérées par les hautes sphères de l’État, Nicola Sturgeon a pointé du doigt le fait que celles-ci « criminalisaient le fait d’aimer un autre adulte, et ont dissuadé des personnes dans leur honnêteté à révéler leur identité. Elles ont encouragé plutôt que freiner la haine et l’homophobie. J’espère que ces excuses et notre nouvelle législation apporteront un peu de réconfort aux victimes ».

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