Se penchant sur les mutations génétiques du groupe de mammouths laineux connu, cette nouvelle étude montre que leur population restreinte avait développé un certain nombre de défauts génétiques qui pourraient avoir précipité la disparition de l’espèce.
Une disparition bien mystérieuse
Les mammouths laineux faisaient partie des espèces les plus répandues et les mieux adaptées au froid à la fin du Pléistocène, il y a environ 11 700 ans. Marquée par des fluctuations climatiques majeures, cette période a ensuite laissé place à l’Holocène, ère géologique durant laquelle la disparition de la quasi-totalité de la steppe-toundra, également connue sous le nom de steppe à mammouths, a entraîné l’extinction de nombreuses espèces. Parmi elles figuraient notamment les ours et hyènes des cavernes, les rhinocéros laineux, ainsi que les populations continentales de mammouths laineux.
Il y a environ 5 600 ans, une population isolée de mammouths installée sur l’île Saint-Paul, au large de l’Alaska, a disparu en raison de l’élévation du niveau de la mer et de la raréfaction de l’eau douce. Ne restait alors plus qu’un groupe réduit de mammouths laineux (300 à 500 individus) sur l’île Wrangel, refuge arctique isolé au large des côtes de Sibérie. Les derniers représentants connus de l’espèce auraient disparu plus de 1 000 ans après leurs congénères, mais les véritables causes de leur extinction restent encore aujourd’hui un mystère pour les chercheurs.
Des mutations génétiques uniques et néfastes détectées chez les mammouths de Wrangel
Pour les besoins de cette nouvelle étude, présentée dans la revue Genome Biology and Evolution, les scientifiques de l’université de Buffalo (États-Unis) se sont appuyés sur des recherches antérieures ayant identifié des mutations génétiques potentiellement néfastes pour les mammouths de l’île Wrangel. Ils ont ensuite comparé l’ADN de l’un d’entre eux à celui de trois éléphants d’Asie et de deux spécimens de mammouths plus anciens, ce qui leur a permis de mettre en évidence un certain nombre de mutations génétiques uniques.
Et il se trouve que les gènes impliqués dans ces mutations étaient liés à une série de fonctions importantes, notamment le développement neurologique, la fertilité chez les spécimens mâles, la signalisation de l’insuline ainsi que l’odorat. Bien que la cause principale de l’extinction brutale des mammouths de l’île Wrangel soit largement discutée, cet ensemble de défauts génétiques ayant entravé leur développement a probablement précipité leur déclin.
« Nous savons comment fonctionnent les gènes responsables de notre capacité à détecter les odeurs », explique le chercheur américain Vincent J. Lynch, qui a supervisé les recherches. « Nos analyses ADN ont montré que la protéine normalement impliquée dans ce processus ne fonctionnait pas normalement chez les mammouths de l’île Wrangel. Nous pouvons donc en déduire que ces derniers ne pouvaient pas compter sur leur odorat pour repérer les plantes constituant les bases de leur alimentation », conclut-il.
Par Yann Contegat, le
Source: Eurekalert
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