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Selon cette nouvelle étude américaine, les adolescents noirs subissent chaque jour des discriminations raciales, le plus souvent en ligne, qui peuvent avoir des effets négatifs sur leur santé mentale.

Plus de 5 600 cas de discrimination raciale signalées en 2 semaines

Présentés dans le Journal of Applied Developmental Psychology, ces travaux menés par des chercheurs de l’Université Rutgers examinaient la fréquence à laquelle les adolescents noirs étaient victimes de discriminations raciales. Les scientifiques ont interrogé quotidiennement 101 adolescents afro-américains âgés de 13 à 17 ans, issus majoritairement de quartiers noirs de Washington DC, durant deux semaines et mesuré l’évolution de leurs symptômes dépressifs au cours de cette période. Au total, les adolescents ont signalé plus de 5 600 cas de discrimination raciale, soit une moyenne de plus de 5 expériences par jour.

« Cette étude reflète ce que les chercheurs et les activistes affirment depuis des années : Les adolescents noirs sont confrontés à des microagressions racistes de façon quotidienne. Ce qui est important, c’est que cette étude élargit la recherche sur les nombreuses formes que peuvent prendre ces discriminations, qu’il s’agisse de plaisanteries provenant d’autres adolescents, du fait d’être invité à s’exprimer au nom de son groupe ethnique en classe ou de messages à caractère raciste diffusés sur les réseaux sociaux », estime Devin English, auteur principal et professeur adjoint à la Rutgers University School of Public Health.

« Prévenir toute forme de discrimination raciale devrait constituer un impératif de santé publique »

Les expériences rapportées dans l’étude, qui allaient de plaisanteries sur l’apparence physique à la discrimination manifeste du sujet ou de ses proches, se produisaient principalement en ligne et ont entraîné une augmentation à court terme des symptômes dépressifs chez les adolescents noirs. « Prendre en compte les plaisanteries reposant sur des stéréotypes raciaux est important, parce que ces dernières sont très fréquentes. Les jeunes et les adultes, y compris les enseignants, considèrent souvent ces taquineries comme inoffensives et choisissent de les ignorer. Mais nos travaux montrent que les conséquences peuvent être terribles », a estimé English.

En 2017, une étude réalisée par des chercheurs de l’Université du Wisconsin avait de son côté estimé que la durée de vie moyenne du cerveau était réduite de quatre ans chez les personnes afro-américaines à cause du stress auquel elles étaient exposées, contre un an et demi chez les personnes blanches. Une énorme disparité s’expliquant selon les scientifiques par le fait que les Noirs étaient davantage confrontés à des situations stressantes, dues à leurs conditions de vies plus difficiles (précarité, discriminations…).

« Prévenir toute forme de discrimination raciale devrait constituer un impératif de santé publique », conclut Devin English.

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