Une légende urbaine prête à croire que le rire, les sentiments ou encore la souffrance sont propres à l’Homme. Or depuis peu, l’espèce humaine révise son jugement quant à sa perception de l’animal ainsi qu’à son statut. Existe-t-il réellement des différences entre l’Homme et l’animal et si oui, lesquelles sont-elles ?
Il est vrai qu’à s’y méprendre, l’Homme reste le seul être vivant à pouvoir se déplacer systématiquement sur deux membres, à posséder une part de bien et de mal, à avoir autant évolué, si bien qu’il sait modifier et améliorer sa nourriture et son environnement pour son propre confort. L’animal semble se satisfaire des bases naturelles qu’il a acquises depuis sa naissance, sans jamais chercher à en vouloir plus. Voici déjà une différence de taille entre l’espèce humaine et animale. Ceci étant, il en existe bien d’autres.
CHAQUE ÊTRE VIVANT EST CONSTITUÉ DE CELLULES, CHACUNE CONTENANT DES GÈNES
Ce sont grâce aux gênes que les différences existent (couleurs des yeux, de peau, de traits etc). Les gênes des Hommes et des souris sont semblables à 95 %, tandis que l’ADN de l’Homme et du singe est semblable à plus de 98 %. Si l’on ne devait s’en tenir qu’à ce critère pour différencier l’animal de l’humain, les différences seraient minces.
D’après Darwin, et sa « théorie de l’évolution« , nous n’étions à la base que de simples singes, soit des animaux. Cette théorie est appuyée par celle du Professeur Changeux qui définit l’espèce humaine d’ « Homme neuronal ». D’après lui, l’Homme n’est autre qu’un « super animal », doté d’un cerveau plus complexe que toutes les autres espèces.
DEUX THÉORIES S’AFFRONTENT
Le philosophe grec Aristote est le premier à penser que l’animal possède une âme. Leur « principe de vie » se rapproche finalement de celui des Hommes : troupeau/communauté, chef de meute/leader, mère protectrice/relation familiale….
POUR JEAN-JACQUES ROUSSEAU, L’HOMME A UN DEVOIR ENVERS LES ANIMAUX
Jean-Jacques Rousseau considère que les animaux sont également dotés de sensibilité et que l’Homme a une obligation de devoir envers eux. Pour lui, il convient de les traiter comme des êtres humains. Propos rejoints plus tard par Arthur Schopenhauer et Hans Jonas. ces philosophes ou grands penseurs confèrent à l’animal la capacité de souffrir et de faire preuve d’inquiétude.
Mais d’autres experts pensent le contraire. La capacité de l’Homme à avoir conscience de lui, de pouvoir dire « je » lui octroie un statut plus intellectuel et donc supérieur. Il est doté de conscience, chose dont visiblement, l’animal est dénué. Par exemple, une personne sait si elle est belle ou pas. Un animal, lui, n’en a aucune idée car ses critères de conscience personnelle sont nuls. Ce sont les autres qui le jugent, l’admirent ou l’excluent, lui n’a aucun regard sur lui-même. Pour certains philosophes comme Descartes, « l’animal est un être sans parole, ni intention, assimilable à des machines ». La différence entre l’Homme et l’animal provient de leur nature respective.
POUR D’AUTRES, L’HOMME EST SUPÉRIEUR À L’ANIMAL
De plus, le fait que l’Homme sache écrire, compter et utiliser son savoir pour diverses choses (plomberie, artisanat, musique…) serait la preuve de la plus grande différence entre les espèces. Mais cela confirmerait également la supériorité humaine sur celle de l’animal.
LE CÔTÉ SPIRITUEL ET SENTIMENTAL
L’Homme n’a de cesse de se raccrocher à des religions et à un ou des dieu(x) pour justifier son existence et ses actes au quotidien. Il éprouve le besoin de rendre des comptes pour prouver qu’il a bien agi ou au contraire a besoin de partager ses aveux pour se laver de fardeaux trop lourds à porter seul. L’animal n’a nul besoin d’un dieu pour vivre ou supporter son quotidien. Il reconnait ses parents comme étant l’être géniteur. Ce lien entre un petit et sa mère est logique, inné mais pas éternel comme il peut l’être chez l’Homme.
En revanche, l’humain et l’animal peuvent se découvrir des sentiments très forts l’un envers l’autre. C’est le cas de certains animaux domestiques (chiens, chevaux..) qui verront en leur maître humain, un compagnon de vie, une personne en qui ils ont confiance, parfois aveuglément. Leur fidélité est inébranlable. L’inverse est moins fort : le terme d’ « animal de compagnie » donne le ton. L’Homme n’est pas fait pour vivre seul. L’animal vient combler un vide. Mais de plus en plus, l’animal de compagnie prend une place importante dans le cœur humain, si bien qu’il en devient parfois un membre de la famille à part entière.
UNE SUPÉRIORITÉ HUMAINE DANGEREUSE ?
L’Homme est potentiellement le seul être vivant doté de conscience mais également de raison. Malgré tout, il est la proie de nombreux sentiments plus forts encore que celle-ci. L’Homme est capable de voler, de tuer, de mentir, de maltraiter et d’anéantir sa propre espèce. Il ne respecte pas son environnement. Dans le monde animal, cela est très rare sauf cas exceptionnel de conflit de territoire ou question de survie.
L’Homme tue pour se nourrir mais également pour le plaisir. Le braconnage et la chasse illustrent parfaitement ces propos. Dans le monde animal, la chasse est exclusivement à but alimentaire, mis à part dans de rares cas, comme chez les dauphins par exemple.
L’HOMME TUE, MENT, MALTRAITE, VIOLE ET EST CAPABLE D’ANÉANTIR SA PROPRE ESPÈCE
La solidarité animale semble aujourd’hui plus forte que celle des humains. Lorsqu’un membre d’un troupeau de buffles, par exemple, est pris à partie par une lionne chasseresse, c’est une majorité du troupeau qui volera à son secours. L’indifférence n’existe que très peu chez les animaux. Ils suivent des codes qu’ils respectent depuis la nuit des temps. L’Homme en possédait aussi. Mais il a eu tendance à les oublier, au profit de certains vices.
LES ESPRITS CHANGENT
La frontière entre l’Homme et l’animal a tendance à s’estomper. En effet, certains faits que l’on prenait pour acquis semblent moins avérés. En effet, il est désormais possible de cloner un humain à partir d’un ovule de vache, les théories basées sur les gènes et les ADN humains vs animaux sont donc réduites à néant.
Depuis quelques siècles déjà, certains hommes prennent conscience de leur erreur de jugement et se battent à travers diverses associations et écrits pour protéger les animaux des mauvais traitements affligés par les humains. Victor Hugo, l’Unesco, Brigitte Bardot, Rémi Gaillard… de nombreuses personnalités luttent pour ouvrir les esprits afin que la cause animale soit reconnue.
MAIS FINALEMENT QU’EST-CE QU’UN ANIMAL ?
Aucune réponse philosophique n’est identique. Et lorsque l’on demande à une personne lambda, celle-ci aura en majorité tendance à répondre d’un état et non d’un être vivant : « un animal est un homme se comportant de façon abusive voire primitive ». L’Homme a jugé bon d’englober tous les animaux sous un seul et même terme.
Pourtant, ce groupe comporte des êtres totalement différents, de la chenille à la baleine, en passant par le lion ou le rhinocéros. Cela prouve une fois de plus la suprématie humaine : en indiquant que l’animal est immoral, l’Homme en a donc fait une « chose » inintéressante et totalement à sa disposition.
L’HOMME A JUGÉ BON D’ENGLOBER TOUS LES ANIMAUX SOUS UN SEUL ET MÊME TERME
En s’autoqualifiant être moral, conscient et intelligent, l’Homme est donc en mesure de savoir et comprendre. Sa position de force face à l’animal lui permet de se sentir supérieur. Mais son jugement est-il réellement juste ?
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Cordialement.
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