
Des travaux de terrain ont révélé les témoignages du passé verdoyant de la péninsule arabique. Aujourd’hui largement aride et dominée par le désert, cette région du globe abritait autrefois des lacs et de vastes prairies.
Les secrets du Rub al-Khali
Si des recherches publiées en début d’année avaient révélé que l’Arabie était nettement plus humide il y a seulement deux siècles, la nouvelle étude, publiée dans la revue Communications Earth & Environment, illustre les changements spectaculaires connus par la région il y a une dizaine de milliers d’années environ.
Des relevés effectués dans différentes sections du Rub al-Khali (ou « Quart Vide »), plus grande étendue ininterrompue de sable au monde, ont notamment révélé les vestiges d’un vaste lac. D’une superficie d’environ 1 100 kilomètres carrés, il affichait une profondeur de 42 mètres. La datation de sédiments anciens prélevés autour de la dépression a permis de préciser son âge.
« Il apparait que le lac a atteint son niveau maximal il y a 9 000 ans, correspondant à la période de l’Arabie verte, qui s’est étendue de 11 000 à 5 500 ans », écrivent les auteurs de de la nouvelle étude. « En raison de l’augmentation des précipitations, le lac a fini par déborder, provoquant une grande inondation et creusant une vallée de 150 kilomètres de long. »

Un impact profond
Ces conditions ont largement remodelé le paysage et les écosystèmes, avec des implications majeures pour les groupes d’humains vivant dans cette région du globe relativement proche du « Croissant fertile », berceau de l’agriculture.
« La formation d’environnements lacustres et fluviaux, ainsi que de prairies et de savanes, aurait permis l’expansion de groupes de chasseurs et de cueilleurs et des populations pastorales dans ce qui est aujourd’hui un désert sec et stérile », détaille Michael Petraglia, de l’université Griffith. Une hypothèse appuyée par d’abondantes preuves sédimentaires.
Il y a 6 000 ans, le « Quart Vide » a connu une forte baisse des précipitations et le développement de conditions sèches et arides, ayant contraint les populations locales à s’établir dans des zones plus propices aux cultures.
L’an passé, des œuvres rupestres vieilles de quatre millénaires avaient offert un aperçu unique du Sahara vert.