—Orawan Pattarawimonchai / Shutterstock.com

L’endométriose est une maladie chronique très souvent récidivante. Encore trop peu connue, elle touche pourtant près d’une femme sur dix. Beaucoup de femmes souffrent de l’endométriose sans le savoir. C’est la raison pour laquelle elle est généralement diagnostiquée trop tard. Afin de remédier à cela, un chirurgien gynécologue marseillais et un de ses confrères français ont décidé de développer une application afin de lutter contre cette maladie et d’offrir un diagnostic plus rapide aux patientes.

Une maladie dépistée plus rapidement

Aujourd’hui, 12 % des femmes, soit une sur dix, en âge de procréer, souffrent d’endométriose. Chronique, cette maladie est liée au développement du tissu endométrial en dehors de l’utérus pouvant toucher d’autres organes alentour (vagin, vessie, ovaires, rectum). Encore méconnue par de nombreuses personnes, elle touche pourtant entre 2 millions et 4 millions de femmes en France. Si elle peut être asymptomatique, la majeure partie des patientes souffrent de symptômes qui apparaissent progressivement et qui dérèglent complètement leur quotidien. En dehors des règles très douloureuses, d’autres douleurs, appelées dyspareunies, peuvent apparaître lors de rapports sexuels ou alors des maladies peuvent se développer et provoquer l’infertilité de certaines femmes.

Autre calvaire de cette maladie : son diagnostic qui est long et complexe. Les retards de diagnostic peuvent parfois atteindre 6 à 10 ans et empêchent les femmes qui souffrent d’endométriose d’être prises en charge. Elles sont pour la plupart en errance médicale. C’est la raison pour laquelle Jean-Philippe Estrade et Charles Chapron, tous deux gynécologues obstétriciens français, ont mis au point un nouveau concept pour aider les femmes touchées par l’endométriose, difficilement diagnostiqué.

Si NextGen Jane avait développé en 2016 un tampon intelligent pour détecter l’endométriose, ces deux médecins ont mis au point un projet bien différent : ils ont développé l’application mobile MyEndo’App, disponible sur Apple et Android. Grâce à celle-ci, les femmes atteintes d’endométriose peuvent avoir un diagnostic plus rapidement en répondant à des questionnaires permettant aux médecins de connaître leur qualité de vie.

« Ce diagnostic digital est une révolution. Aujourd’hui, 200 millions de femmes ont cette maladie chronique. Mais cela reste un sujet tabou. En trois questions, elles peuvent désormais savoir si elles ont des risques d’avoir la maladie« , explique Jean-Philippe Estrade.

Afin de tester la fiabilité de cette application, Charles Chapron a réalisé une étude sur 2 500 patientes. Une étude qui s’est avérée très positive. « Nous avons 88 % de fiabilité. Cela doit permettre de diagnostiquer plus rapidement la maladie. Alors qu’aujourd’hui, il faut six à dix ans parfois pour un diagnostic« , ajoute Jean-Philippe Estrade.

Des données sécurisées et détaillées permettant de mettre fin au « nomadisme médical »

Après avoir répondu aux questionnaires, les femmes concernées ont la possibilité de connaître leurs risques d’être touchées par l’endométriose, en fonction des symptômes qu’elles ressentent. Quatre résultats sont possibles pour les patientes qui souffrent pendant leur cycle menstruel : le risque est soit peu élevé, moyen, élevé ou très élevé. En cas d’endométriose, elles peuvent suivre leur parcours de santé sur l’application qui évalue ensuite un traitement et recommande des examens. MyEndo’App oriente également les patientes vers des spécialistes afin qu’elles soient prises en charge plus rapidement et plus sérieusement.

Puis, elles peuvent organiser leur dossier de santé dans l’application en sauvegardant les résultats de leurs examens, leurs comptes rendus opératoires ou encore leurs bilans biologiques. Ce suivi permettra également à ces femmes d’en finir avec le « nomadisme médical » et les médecins pourront enfin consulter les informations en temps réel. « Souvent, mes collègues n’ont pas les consignes des autres praticiens. Ils recommencent parfois le même traitement par manque d’informations. 75 % des patientes sont maltraitées. Là avec le suivi ça sera différent (…) Ces femmes contribuent aux progrès de la recherche« , précise Jean-Philippe Estrade. Bien évidemment, toutes leurs informations sont stockées dans un serveur de données de santé intégralement sécurisées : un hébergement agréé de données de santé (HADS).

Seul point plutôt contraignant : l’application est payante. « Une garantie. Contrairement aux applis gratuites financées par des laboratoires privés qui peuvent alors récupérer les données personnelles des utilisateurs« , explique Jean-Philippe Estrade. Il précise que les fonds récoltés sont automatiquement reversés pour la recherche et le développement de diagnostics et de traitements de l’endométriose. Bien qu’elle soit payante, MyEndo’App a de fortes chances d’aider des milliers de femmes qui souffrent de cette maladie.

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