À l’origine, ce devait être un simple chantier de démolition puis de reconstruction dans cette petite ville du nord de l’Italie. Mais les retards devraient s’accumuler. Et pour cause : le chantier a mis au jour un formidable trésor datant de l’Empire romain !

La Mecque des archéologues

L’Italie a été durant des millénaires le centre culturel et politique de l’Europe et du monde méditerranéen. C’est dans la péninsule que sont nées et se sont effondrées de brillantes civilisations, à commencer par la Rome antique. Les siècles ont passé et l’Italie, après un déclin relatif en rapport à cette glorieuse époque, s’est lancé dans une politique effrénée de modernisation et d’industrialisation durant la seconde moitié du XXe siècle.

Pour construire des infrastructures modernes (autoroutes, ponts, canaux…) et soutenir le secteur du bâtiment et la croissance économique, les dirigeants semblent parfois prêts à de nombreux sacrifices (comme semble le montrer les premiers éléments sur l’effondrement sur le pont Morandi de Gêne le mois dernier). Mais il arrive que le passé se rappelle à notre bon souvenir…

Côme : une ville avec plus de 2000 ans d’histoire. Au premier plan, La cathédrale Santa Maria Assunta. © Wikipédia / Robertmilan

 

L’affaire du théâtre Cressoni

Notre histoire commence à Côme, dans le nord du pays. Il s’agit d’un banal chantier de démolition d’un vieux théâtre, le théâtre Cressoni. Inauguré en 1870, transformé en cinéma quelques décennies plus tard, le lieu était définitivement fermé depuis 1997. Ainsi, un projet de construction d’une résidence de luxe était prévu à cet emplacement. Mais en Italie, on ne sait jamais ce que l’on va trouver sous les fondations des vieux édifices.

La ville de Côme est en effet la lointaine successeur de l’antique cité romaine de Novum Comum. Cet ancien centre politique de la tribu celte des Orobii (qui peuplent alors le nord de la péninsule, nommé Gaule Cisalpine) avait été soumis par les romains au Ier siècle avant notre ère, puis totalement réorganisé (notamment sous l’impulsion de Jules César). Il y a cent ans déjà, une nécropole avait été trouvée dans cette « zone [très riche] pour notre archéologie », ainsi que la qualifie le ministre italien de la Culture, Alberto Bonisoli, sur son compte Facebook.

 

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Un trésor estimé à plusieurs millions d’euros

Quand les ouvriers du chantier se mettent à creuser sous les fondations du vieux bâtiment pour le bassin d’eau destiné à la lutte anti-incendie, ils tombent sur une amphore en pierre remplie de centaines de pièces d’or datant de la fin de l’Empire Romain ! « Nous ne connaissons pas encore la portée historique et culturelle de cette découverte », rappelle encore Alberto Bonisoli. Les pièces romaines ne sont certes pas rares, tant ils avaient su développer et internationaliser le commerce dans l’Empire et au-delà (certains historiens parlent ainsi de « première mondialisation romaine).

Mais le trésor est assurément d’un grand prix : leur âge et leur rareté ne peuvent qu’augmenter la valeur du métal si précieux qu’est l’or, aujourd’hui comme il y a 2 000 ans. La presse italienne évoque le chiffre de plusieurs millions d’euros. Et les autorités envisagent de bloquer le chantier, car en archéologie, une découverte ne vient que rarement seule. On peut donc s’attendre à trouver d’autres objets de valeur dans les environs. La nouvelle ravit les historiens et les archéologues, mais ne devrait pas enchanter l’entreprise de construction : selon la législation italienne (ce serait d’ailleurs valable en France également), le propriétaire du terrain ne peut obtenir qu’un léger pourcentage de ce formidable trésor. Car tout ce que l’on découvre dans le sous-sol italien appartient au domaine publique !

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