Alors que les matériaux électroniques usagés s’entassent de plus en plus dans les décharges du monde entier, une entreprise a eu l’idée de récupérer ces déchets pour en extraire les métaux précieux. Une initiative lucrative et écologique qui transforme le recyclage en source de revenus.

Environ 50 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produits dans le monde en 2012 selon un rapport des Nations Unies. En 2017, le chiffre s’élèverait même à plus de 65 millions. Cela représente environ la taille de 11 pyramides de Gizeh. Bien que certains morceaux de vieux téléphones et télévisions soient actuellement recyclés, une impressionnante quantité est envoyée dans des décharges à travers la planète. Cela a des répercussions inquiétantes sur la santé, notamment en Chine, à Guiyu, où les enfants ont un taux de plomb très élevé dans le sang.

Priv Bardoo, co-fondatrice de l’entreprise BlueOak Resources basée en Californie, pense qu’elle peut changer les mentalités en promettant des métaux précieux aux pollueurs. La société souhaite aider le pays à récupérer les métaux précieux qui composent les déchets électroniques, tels que l’or, l’argent et le cuivre. Une tonne de circuits imprimés possède entre 40 et 800 fois plus d’or qu’une tonne de minerai d’or (qu’il faut ensuite raffiner). Autrement dit, récupérer l’or du sol terrestre coûte bien plus cher que de le récupérer sur les composants électroniques.

« Cela n’a juste aucun sens », a déclaré Priv. C’est suite à ce constat qu’elle et son associé Bryce Goodman ont lancé leur entreprise. Ce système de recyclage de métaux existe déjà en Europe, en Asie et au Canada, mais cela ne fonctionne pas bien. Les fonderies ne gèrent qu’une énorme quantité de déchets, ce qui signifie que les collecteurs plus petits ne peuvent pas envoyer leur marchandise. Avant de lancer BlueOak, Priv Bradoo était déjà la vice-présidente de Lanzatech qui transformait les gaz toxiques en carburant très prisé.

En construisant une raffinerie aux Etats-Unis, BlueOak y crée un nouveau secteur industriel et espère encourager les Américains, qu’ils soient consommateurs ou entreprises, à y réfléchir à deux fois avant de jeter leurs déchets électroniques à la poubelle. La première fonderie sera terminée en 2015 et pourra traiter presque 7 millions de tonnes de matériel usagé. La société travaillera avec des collecteurs chargés de séparer les métaux des autres matières inutilisables. En théorie, une fois les métaux revendus, la majorité des bénéfices reviendra à ces collecteurs.

Ce projet a attiré des investisseurs tels que Kleiner Perkins Caulfield Byers et a également récolté de l’argent de la part de différentes fondations. Pourtant, certains experts pensent que BlueOak et le reste de l’industrie du déchet électronique, exagèrent leur potentiel. Selon Josh Lepawsky, professeur de géographie à l’Université Memorial de Terre-Neuve, la majorité des déchets provient de la production, pas du matériel usagé, qui représentent seulement 3 % de la totalité. « Ce n’est pas que nous pensons qu’ils ne font rien de positif, mais cela ne concernera que 3 % de tous les déchets. Une meilleure approche serait de collecter les ordures qui sortent des manufactures », explique-t-il.

Pour réellement régler le problème des déchets électroniques, il faudrait tout d’abord que l’on réduise la quantité de gadgets et d’appareils que l’on produit actuellement. Priv Bradoo est d’accord avec ce constat. Les sociétés technologiques sont sous la pression de Wall Street pour inventer le nouvel objet tendance tous les 2 ou 3 mois. La jeune femme admet que BlueOak est seulement là pour apporter une partie de la solution. « Tant que nous verrons le comportement du consommateur réclamer toujours plus d’innovations, les déchets augmenteront de manière exponentielle. Nous devons penser à la manière dont nous voulons que la technologie impacte notre monde, pas seulement dans l’utilisation, mais à plus long terme. »

Nous saluons l’initiative de Priv et de Bryce. Nous espérons que leur entreprise saura réduire la quantité de déchets électroniques de manière significative. A la rédaction, nous ne savions pas qu’il existait des moyens de récupérer les métaux précieux sur les composants électroniques et nous allons faire ce qu’il faut pour que nos déchets soient mieux traités à l’avenir. Pensez-vous qu’à terme, nous arriverons à recycler efficacement tous les types d’ordures ?

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