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On en sait plus sur le « crocodile de la terreur », ce reptile géant qui dévorait des dinosaures

Long de 8 mètres, il pesait entre 2,5 et 5 tonnes

crocodile de la terreur

Il y a environ 75 millions d’années, Deinosuchus, un reptile géant surnommé le « crocodile de la terreur », hantait les eaux de l’Amérique du Nord. Jusqu’à récemment, les scientifiques pensaient que ce reptile colossal était étroitement lié aux alligators modernes. Cependant, une récente étude publiée dans Communications Biology remet cette idée en question, suggérant que Deinosuchus occupait en réalité une place bien différente dans l’arbre évolutif des crocodiliens.

Des crocodiliens géants, une norme oubliée

Une équipe de chercheurs a analysé l’ADN et les fossiles de 128 espèces vivantes et disparues de crocodiles, alligators et caïmans. Cette analyse a révélé que Deinosuchus était beaucoup plus éloigné des alligators qu’on ne l’imaginait. Mieux encore, il aurait possédé la capacité de tolérer l’eau salée, une adaptation qui lui aurait permis d’explorer des territoires que d’autres reptiles évitaient.

Contrairement à l’idée que de tels géants étaient des anomalies, l’étude montre que l’évolution de crocodiliens de grande taille a été plus fréquente que prévu. Des créatures titanesques comme Purussaurus, un caïman sud-américain aussi long que deux camionnettes, ou Sarcosuchus, qui sévissait en Amérique du Sud et en Afrique, en témoignent.

« Il semblerait presque que la présence de crocodiles géants soit une norme à certaines périodes », explique Márton Rabi, paléontologue à l’université de Tübingen en Allemagne et auteur principal de l’étude. Pourtant, même dans ce contexte, Deinosuchus restait exceptionnel. Ce redoutable prédateur se nourrissait d’une grande variété de proies, y compris des dinosaures, grâce à des dents longues comme des bananes.

Selon Rabi, aucun être vivant n’était véritablement en sécurité dans les marécages de l’époque lorsque Deinosuchus rôdait. L’animal atteignait facilement huit mètres de long, voire davantage, ce qui le plaçait parmi les plus redoutables prédateurs du Crétacé.

Une adaptation décisive

L’une des découvertes majeures de l’étude est que Deinosuchus aurait pu tolérer l’eau salée, contrairement aux alligators modernes qui préfèrent l’eau douce. À l’époque du Crétacé, une mer intérieure, appelée la Voie maritime intérieure occidentale, divisait l’Amérique du Nord en deux. Des fossiles de Deinosuchus ont été retrouvés des deux côtés de cette mer, ce qui a longtemps intrigué les scientifiques. 

L’étude suggère que Deinosuchus possédait des glandes salines, semblables à celles des crocodiles actuels, lui permettant de traverser des eaux salées et d’exploiter des habitats côtiers riches en proies. Cette adaptation aurait contribué à son développement jusqu’à des tailles colossales.

Evon Hekkala, biologiste à l’université Fordham (qui n’a pas participé à l’étude), explique que cette flexibilité écologique a sans doute permis à certaines lignées de crocodiliens de survivre aux bouleversements climatiques majeurs, comme les montées du niveau de la mer, en s’adaptant mieux que d’autres espèces plus vulnérables.

Une nouvelle place dans l’arbre généalogique

Grâce à une reconstruction précise de l’arbre évolutif, les chercheurs ont déterminé que Deinosuchus appartenait à une lignée ayant divergé avant le dernier ancêtre commun des alligators et des crocodiles actuels. Par conséquent, il partage certains traits avec les deux groupes. Les scientifiques pensent que la tolérance au sel, présente chez Deinosuchus, aurait été perdue par les alligators mais conservée par les crocodiles.

« Cette nouvelle classification nous pousse à croire que cette tolérance au sel a permis aux Deinosuchus de traverser la Voie maritime intérieure occidentale et de coloniser de nouveaux habitats », explique Jules D. Walter, paléontologue à l’université de Tübingen et co-auteur de l’étude.

Toutefois, tous les chercheurs ne sont pas entièrement convaincus par ces conclusions. Adam Cossette, paléobiologiste au New York Institute of Technology, émet des réserves. Selon lui, il est peu probable que Deinosuchus se soit véritablement adapté aux environnements salés. Il pense plutôt que ces reptiles vivaient principalement en eau douce et ne traversaient les mers salées que dans des circonstances exceptionnelles. De plus, il note que des espèces distinctes de Deinosuchus vivaient de chaque côté de la mer intérieure, ce qui suggère qu’ils ne traversaient pas fréquemment cette étendue d’eau.

Même Márton Rabi admet que les traversées maritimes de Deinosuchus auraient pu être des événements isolés, plutôt qu’une habitude régulière. Malgré ces débats, Evon Hekkala affirme que cette étude s’inscrit bien dans la compréhension actuelle de l’adaptabilité écologique des crocodiliens, et qu’elle éclaire d’une lumière nouvelle le rôle évolutif de ces prédateurs fascinants.

Par ailleurs, une nouvelle espèce préhistorique de crocodile, qui vivait il y a 135 millions d’années, a été découverte.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Smithsonianmag

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