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Face au Covid-19, les anticorps des lamas pourraient être la clé

Un de ces anticorps s'était déjà révélé efficace contre le virus SARS-CoV-1

Alors que les experts du monde entier cherchent des moyens d’enrayer la propagation du Covid-19, un traitement issu d’une source pour le moins improbable pourrait s’avérer efficace. Une étude préliminaire américaine a en effet montré que les anticorps des lamas pouvaient potentiellement venir à bout de l’infection.

Un anticorps ayant déjà fait ses preuves contre le SARS-CoV-1

Dans le cadre de ces nouveaux travaux, présentés dans la revue Cell, une équipe de chercheurs de l’université du Texas, à Austin, a mis au point une nouvelle arme pour lutter contre le SARS-CoV-2. Celle-ci est basée sur un anticorps de lama qui avait été précédemment testé pour traiter le SARS-CoV-1, ayant provoqué une épidémie entre 2002 et 2004, et avait démontré qu’il pouvait se lier étroitement aux protéines pointues du virus, appelées spicules, afin d’empêcher l’infection de se propager.

Lorsque le système immunitaire d’un lama détecte un agent pathogène tel qu’un virus, l’animal produit deux types d’anticorps : un anticorps similaire à un anticorps humain et un autre d’environ un quart de cette taille. Appelés anticorps à domaine unique ou nanocorps, ces derniers ont la particularité de pouvoir être nébulisés afin d’être administrés via un inhalateur.

« Cela les rend potentiellement très intéressants comme médicaments contre les agents pathogènes respiratoires, car ils peuvent être administrés directement sur le site de l’infection », précise Daniel Wrapp, premier auteur de l’étude.

Aujourd’hui âgé de quatre ans, Winter, un lama vivant dans une ferme belge, était devenu l’objet de plusieurs études sur les coronavirus en 2016. À l’époque, les chercheurs lui avaient injecté des spicules stabilisés du SARS-CoV-1 et du MERS-CoV sur une période de six semaines, puis avaient analysé ses échantillons sanguins afin d’identifier des anticorps se révélant efficaces contre ces virus. Et il s’est avéré que l’un d’entre eux, appelé VHH-72, empêchait le SARS d’infecter les cellules cultivées en laboratoire.

— CROCOTHERY / Shutterstock.com

Le VHH-72 modifié se fixe étroitement aux spicules du nouveau coronavirus et l’empêche d’infecter les cellules

« Il s’agissait pour moi d’une expérience passionnante, parce que je travaillais sur ce sujet depuis des années », explique Wrapp. « Mais à cette époque, trouver un traitement contre les coronavirus n’était pas aussi crucial qu’aujourd’hui. Il s’agissait juste de recherche fondamentale, qui pourrait aujourd’hui avoir des implications translationnelles. »

Lorsque les chercheurs ont testé le VHH-72 contre le nouveau coronavirus, l’anticorps ne s’est pas lié aussi étroitement aux spicules qu’il l’avait fait avec le SARS-CoV-1. Ceux-ci ont donc lié deux copies de l’anticorps et obtenu de bien meilleurs résultats : les premiers tests ont montré que l’anticorps modifié se fixait étroitement aux protéines pointues du SARS-CoV-2 et empêchait également le nouveau coronavirus d’infecter les cellules cultivées en laboratoire. Selon Jason McLellan, co-auteur de l’étude, il s’agit de « l’un des premiers anticorps connus capable de neutraliser le virus ».

Dans les semaines qui viennent, l’équipe prévoit de tester l’anticorps sur des modèles animaux (dont des primates non humains), étape indispensable avant d’espérer pouvoir procéder à des essais cliniques. L’objectif restant de mettre au point un anticorps qui puisse traiter les patients peu après avoir contracté le virus.

« Les vaccins doivent être administrés un mois ou deux avant l’infection pour que leur protection soit efficace », explique McLellan. « Avec les thérapies à base d’anticorps, le patient serait protégé immédiatement après avoir reçu le traitement. Les anticorps pourraient également être utilisés pour traiter une personne déjà malade afin d’atténuer l’impact de la maladie. »

Selon les auteurs de l’étude, ce type de traitement se révèlerait particulièrement utile pour les personnes à risque ainsi que celles étant plus susceptibles d’être exposées au virus, comme les professionnels de santé.

— buteo / Shutterstock.com

Par Yann Contegat, le

Source: Eureka alert

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