colza

Le colza est une plante qui pourrait révolutionner notre alimentation. Des chercheurs ont réussi à éliminer les composés amers qui rendaient ses graines immangeables pour l’Homme. Le colza pourrait ainsi devenir une nouvelle source de protéines végétales, bénéfique pour le climat et la santé. 

Une plante riche en protéines mais impropre à la consommation humaine

Le colza est une plante très cultivée en Europe, qui fournit la moitié des protéines végétales de l’Union européenne. Ses graines contiennent entre 30 et 40 % de protéines, ce qui est comparable à la teneur en protéines du soja. Cependant, ces protéines ne sont pas consommées par les humains, mais seulement par les animaux. En effet, le colza contient des composés amers appelés glucosinolates, qui le rendent goitrogène et désagréable au goût.

Les glucosinolates sont des mécanismes de défense naturels de la plante, qui lui permettent de se protéger contre les agents pathogènes et les herbivores. Jusqu’à présent, seule l’huile extraite des graines de colza était utilisée pour l’alimentation humaine. L’huile de colza est riche en acides gras insaturés et en vitamine E, ce qui lui confère des propriétés bénéfiques pour la santé cardiovasculaire et la peau.

Une découverte scientifique qui élimine les glucosinolates des graines

Des chercheurs de l’université de Copenhague ont réussi à identifier et à supprimer les protéines responsables de l’accumulation des glucosinolates dans les graines de colza. Ils ont utilisé une plante modèle, le cresson de thalle (Arabidopsis thaliana), qui est très proche du colza. Le cresson de thalle est une petite plante à fleurs blanches, qui pousse à l’état sauvage dans les régions tempérées. Il est souvent utilisé comme organisme modèle en biologie végétale, car il a un génome simple et facile à manipuler.

Les chercheurs ont découvert que la tige qui relie les graines à la gousse fonctionne comme une usine à glucosinolates. Cette tige transporte les glucosinolates depuis les feuilles jusqu’aux graines, où ils sont stockés. En éliminant trois protéines clés de cette usine, ils ont empêché les glucosinolates de pénétrer dans les graines. Cette technique s’appelle “l’ingénierie du transport” et consiste à modifier le flux des molécules dans la plante. En raison de leur similitude génétique, cette technique peut être facilement transférée au colza, sans affecter sa résistance aux maladies et aux ravageurs.

colza
— © INRA DIST / Wikimedia Commons

Un potentiel énorme pour la transition verte et la sécurité alimentaire

Cette découverte ouvre la voie à une nouvelle source de protéines végétales pour l’alimentation humaine. Le colza pourrait ainsi contribuer à réduire la consommation de viande, qui est néfaste pour le climat et la santé. Le colza pourrait également répondre à la demande croissante de protéines, liée à l’augmentation de la population mondiale. Il s’adapte bien aux sols pauvres et aux climats froids ou secs. Il a également un effet bénéfique sur la biodiversité, car il attire les insectes pollinisateurs avec ses fleurs jaunes.

Les chercheurs espèrent pouvoir appliquer leur technique au colza dans un avenir proche. Ils ont déjà obtenu des résultats prometteurs sur des plantes de colza modifiées en laboratoire. Ils espèrent pouvoir tester leur technique sur des champs de colza à grande échelle dans les prochaines années.

Cette découverte scientifique est le fruit d’un travail de longue haleine, mené par le professeur Barbara Ann Halkier et son équipe. Halkier est une experte mondiale dans le domaine des glucosinolates et de leur rôle dans les plantes. Elle a reçu plusieurs distinctions pour ses recherches, dont la prestigieuse bourse du Conseil européen de la recherche (ERC).

Elle souligne l’importance du soutien financier à long terme pour mener à bien ce type de projets. “Nous avons pu réaliser cette importante découverte scientifique en grande partie grâce à la subvention à long terme, et je ne saurais trop insister sur ce point. Elle nous a vraiment donné le temps de nous concentrer et de nous plonger dans les détails, ce qui a porté ses fruits”, a-t-elle déclaré.

L’étude a été publiée dans la revue Nature.

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