La France autorise la collecte des données mobiles des usagers. Alors que l’exploitation des données personnelles est extrêmement encadrée, l’Union européenne (UE) cherche à recueillir ces données afin de vérifier l’efficacité du confinement.
Afin de savoir si les mesures de confinement sont efficaces, la Commission européenne a entrepris des dialogues avec les opérateurs téléphoniques français pour récolter les données mobiles des usagers. Le but ? « Modéliser la propagation de l’épidémie », selon Stéphane Richard, le patron d’Orange. En d’autres termes, ces données permettraient de prévoir quels seraient les futurs foyers d’épidémie possibles (les fameux clusters). Une enquête d’Orange a ainsi révélé que 17 % des Franciliens ont quitté l’Île-de-France entre le 13 et le 20 mars.
Certaines régions ont vu leurs populations augmenter, à l’instar de l’Île de Ré en Charente-Maritime, qui a gagné 30 % d’habitants en plus. Ces données ont été transmises à l’AP-HP, l’Inserm, le Samu, afin de pouvoir évaluer la possibilité de voir des foyers épidémiques se créer. Ces données sont anonymisées et permettent, en plus de cartographier la maladie, de vérifier si les règles de confinement sont bien respectées. Les données personnelles sont pourtant protégées, au niveau européen, par le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Des mesures permettent de protéger les informations personnelles : parmi elles, le consentement de l’internaute au traitement de ses données est normalement une valeur cardinale, ainsi que la transparence vis-à-vis de ces traitements.
De nombreux pays ont déjà mis en place la surveillance des données mobiles pour la période de l’épidémie, à l’instar de la Corée du Sud, qui mettait en place un vrai système de géolocalisation des personnes malades ou encore d’Israël, où le Shin Bet (les services de sécurité intérieure) peuvent « suivre et surveiller les Israéliens contaminés par le coronavirus ». Les opérateurs de l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie ou encore l’Espagne ont également transmis les données de localisation de leurs citoyens aux autorités.
La protection des données personnelles est normalement un droit fondamental. Or, en période de crise sanitaire, certains droits sont remis en cause, faisant craindre pour l’avenir de la démocratie.