L’étude d’empreintes de pas anciennes découvertes au Kenya révèle la cohabitation étroite de deux anciennes espèces d’hominidés bien différentes il y a environ 1,5 million d’années.
Homo erectus et Paranthropus boisei
Laissés dans des sédiments boueux, ces deux ensembles d’empreintes préhistoriques avait été initialement repérés par une équipe de scientifiques examinant la rive orientale du lac Turkana. Si la datation d’échantillons de sable et de limon asséchés a permis d’établir qu’ils remontaient à 1,52 million d’années, leur structure indique un laps de temps les séparant compris entre quelques minutes et quelques jours.
La forme des 12 empreintes de la piste principale suggère qu’il s’agit de témoignages de Paranthropus boisei, hominidé archaïque au mode de vie partiellement arboricole qui vivait alors dans la région. Selon les chercheurs, ils constitueraient également les premières preuves claires de marche bipède chez cette espèce, dont les fossiles s’avèrent très incomplets.
Constitué de trois traces de pas laissées par un individu marchant en ligne droite, le second ensemble se rapproche des empreintes laissées bien plus tard par Homo sapiens, avec un talon frappant d’abord le sol. Il a logiquement été attribué à Homo erectus, qui évoluait également en Afrique orientale à cette époque lointaine.
Ancient footprints show how early human species lived side by side https://t.co/GNBYWsWnlv
— New Scientist (@newscientist) November 29, 2024
Ces deux espèces étaient très différentes. Représentant précoce du genre Homo, H. erectus se distinguait par un cerveau bien plus grand que celui de ses prédécesseurs, et a également été le premier à s’aventurer hors de l’Afrique. P. boisei, à l’apparence plus proche des gorilles modernes, présentait un volume cérébral réduit, tandis que ses dents épaisses et sa mâchoire massive suggèrent qu’il se nourrissait essentiellement de tubercules et de plantes ligneuses.
Une cohabitation durable
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Science, associées aux autres ensembles d’empreintes fossilisées trouvés dans cette partie du continent africain et datant de la même période, ces découvertes indiquent une cohabitation durable entre les deux espèces.
« Si elles ont pu coexister pendant plus de 100 000 ans, nous supposons que la concurrence entre elles était faible voire inexistante », écrivent-ils.
Le régime alimentaire varié d’Homo erectus, incluant du gros gibier, lui aurait permis de survivre à une importante vague de bouleversements climatiques, qui auraient conduit P. boisei, beaucoup moins flexible, à l’extinction.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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