L’humanité fait face à une époque de changements profonds et interconnectés. La civilisation industrielle semble entrer dans une phase de déclin, tout en étant confrontée à des défis mondiaux sans précédent. Des technologies émergentes pourraient offrir des solutions pour un avenir plus durable et équitable, mais les tendances politiques actuelles pourraient freiner cette transition vers un monde plus juste. Le théoricien des systèmes Nafeez Ahmed met en lumière cette situation complexe, où un grand bond en avant est possible, mais pourrait être saboté par des forces régressives.
Le déclin de la civilisation industrielle
Un spécialiste des systèmes, reconnu pour ses prédictions précises des événements majeurs des deux dernières décennies, met en garde contre les défis actuels. Il estime que la civilisation humaine se trouve à l’aube d’un « saut de géant », qui pourrait nous mener vers un avenir basé sur une « surabondance en réseau », mais que ce progrès pourrait être compromis par la montée du populisme nationaliste.
La civilisation industrielle, selon Nafeez Ahmed, se trouve dans une phase de déclin accéléré. Ce phénomène est lié à plusieurs facteurs, notamment la fin des ressources fossiles et la dégradation environnementale. Ce déclin ne signifie pas la fin de l’humanité, mais le passage à une nouvelle forme de civilisation. Ahmed prédit que cette évolution pourrait nous mener vers un modèle « postmatérialiste », fondé sur des énergies propres, abondantes et distribuées de manière décentralisée.
L’un des principaux défis réside dans la vitesse du déclin actuel. Le changement pourrait être si rapide qu’il risquerait de faire échouer l’émergence d’un système plus avancé. L’humanité doit réussir à réorganiser ses structures sociales, économiques et politiques pour que cette évolution se fasse de manière fluide. Toutefois, cela semble peu probable si les anciennes hiérarchies industrielles, basées sur le contrôle centralisé, restent en place.
Une révolution énergétique et sociale en marche
Dans l’article publié dans la revue Foresight, M. Ahmed appelle à un effort mondial de synthèse des connaissances scientifiques en sciences naturelles et sociales afin d’élaborer une nouvelle théorie sur l’évolution et le déclin des civilisations. Il propose que les civilisations passent par quatre phases : croissance, stabilité, déclin et transformation. Selon lui, la civilisation industrielle est actuellement dans sa phase de déclin et pourrait bientôt entrer dans celle de transformation, remplacée par un nouveau système technologique-matériel.
Le remplacement des énergies fossiles par des sources renouvelables pourrait constituer un tournant majeur pour l’humanité. L’énergie solaire, l’éolien et les batteries connaissent des baisses de coûts considérables et connaissent un taux d’adoption exponentiel. Ces technologies devraient transformer radicalement le paysage énergétique mondial dans les deux prochaines décennies. En parallèle, des avancées dans d’autres domaines comme l’agriculture cellulaire, les véhicules électriques et l’intelligence artificielle apportent des solutions innovantes aux défis alimentaires, de transport et de communication.
Ahmed estime que ces innovations offrent la possibilité de créer une « surabondance en réseau ». Ce modèle permettrait à l’humanité de produire de l’énergie, de la nourriture et des informations en abondance, sans nuire à l’environnement. Si bien utilisées, ces capacités pourraient protéger la Terre tout en améliorant la qualité de vie pour tous.
Les menaces d’un retour autoritaire
Malgré les possibilités prometteuses, Ahmed avertit que l’humanité pourrait se retrouver confrontée à un recul autoritaire. Le renforcement de régimes politiques autoritaires, en particulier dans les grandes puissances, pourrait nuire aux avancées nécessaires pour le passage à un nouveau modèle de civilisation. Les politiques réactionnaires qui favorisent les combustibles fossiles et cherchent à concentrer le pouvoir entre les mains d’une élite risquent de bloquer cette évolution.
Le problème principal réside dans la manière dont les nouvelles technologies sont distribuées et décentralisées. Les anciennes structures industrielles centralisées ne peuvent plus gouverner ce changement. Cela crée un fossé entre l’ancien et le nouveau système, ce qui engendre des tensions politiques et culturelles. Si ces tensions sont mal gérées, elles pourraient empêcher la transition vers un modèle plus équitable et durable.
Ahmed conclut en affirmant que l’humanité pourrait entrer dans un « nouvel espace de possibilités » où l’énergie, les transports, l’alimentation et les connaissances seraient abondants sans détruire la planète. Toutefois, si cette transition n’est pas bien gérée, l’humanité risque de régresser, voire de s’effondrer. La montée de gouvernements autoritaires et d’extrême droite pourrait empêcher cette évolution et ralentir le passage à un modèle plus durable et équitable pour l’avenir. Par ailleurs, voici 10 civilisations qui ont marqué l’histoire… avant de s’éteindre mystérieusement.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: IFL Science
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