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Les fermiers chinois payés pour stopper le commerce d’animaux exotiques, qui n’y gagneront rien

Cette décision n'est pas au service des animaux, qui pourront être abattus ou utilisés pour la recherche

— Parkpoom Kotcharat / Shutterstock.com

Avec l’avènement de la pandémie de coronavirus, les autorités chinoises ont été obligées de modifier les lois concernant l’élevage des animaux sauvages. En effet, on soupçonne fortement le Covid-19 d’être une maladie zoonotique. Afin d’éviter l’avènement d’autres maladies provoquées par l’empiètement sur la vie des animaux sauvages, une nouvelle mesure de rachat aux éleveurs a été mise en place en Chine.

Un nouveau programme pour mettre un frein au commerce d’animaux sauvages

Selon un rapport de l’AFP, les fermiers chinois se sont vu offrir de l’argent pour arrêter l’élevage d’animaux exotiques. Cette décision a été prise pour mettre fin au commerce illégal d’espèces sauvages, dont certaines pourraient être à l’origine de l’épidémie de coronavirus. Cette mesure est tout à fait inédite, et elle vise à assurer la transition de reconversion professionnelle de ceux dont la subsistance dépend du commerce et de l’élevage d’animaux sauvages. Il est à savoir que cette nouvelle intervient trois mois après que le pays a imposé une interdiction temporaire sur le commerce et la consommation d’animaux sauvages.

Il faut savoir cependant que cette mesure ne concerne pas la Chine dans son entièreté, mais uniquement les provinces qui ont accepté de l’appliquer. Quoi qu’il en soit, deux des principales provinces d’élevage d’animaux sauvages – à savoir Hunan et Jiangxi – ont décidé d’appliquer cette nouvelle politique. Par ailleurs, le programme concernera essentiellement un total de 14 espèces. Le plan de rachat n’est cependant pas figé et d’autres animaux exotiques pourraient s’ajouter à la liste.

En ce qui concerne les modalités de rachat, cela dépendra des espèces concernées et de l’évaluation des niveaux de stock dans les fermes concernées. Par exemple, le kilo d’élaphe et de cobra a été évalué à 120 yuans (15 euros), et le kilo de civette vaut 600 yuans (75 euros). Ce prix faramineux attribué aux civettes s’explique en partie par le fait que cet animal est à l’origine de l’apparition du SRAS en Chine en 2003. L’animal dont le coût de rachat est le plus élevé est notamment le Muntjac de Reeves. Ce cerf sera racheté à hauteur de 2 457 yuans (310 euros) le kilo.

Un chat civette en cage © surtr / Wikipedia Commons

Un programme qui présente quelques lacunes

À noter également que les fermiers ne sont pas forcés d’accepter de participer à ce programme de rachat d’animaux sauvages par le gouvernement. En effet, ils sont libres d’assurer leur reconversion professionnelle avec leurs propres moyens. Il est à savoir qu’ils ont notamment encouragé à se reconvertir dans l’élevage d’animaux classique ou encore dans la culture dans ses différentes formes. Ceux qui veulent bénéficier du programme ont été recensés jusqu’au 25 mai, et l’application de la mesure se fera à partir du 10 juin jusqu’à mi-juillet.

Bien que cette nouvelle mesure adoptée par certaines provinces chinoises ait été saluée par les organismes de protection des animaux, ils ont tout de même pointé du doigt certaines lacunes importantes. La première concerne notamment le fait que la nouvelle règle ne concerne qu’un nombre limité d’espèces, à savoir celles qui sont destinées à la consommation. En effet, ceux qui élèvent des animaux sauvages pour être utilisés dans le domaine de la maroquinerie, de la cosmétique et de la médecine pourront continuer leur activité. Selon China News, certains éleveurs ont même été encouragés à se reconvertir dans ce domaine. La seconde lacune soulevée concerne le devenir des animaux. Si certains seront relâchés dans la nature ou confiés à des zoos, certains autres vont être utilisés pour la recherche ou seront abattus.

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