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De nouvelles recherches montrent que les chimpanzés sont plus susceptibles de se battre contre des groupes rivaux lorsque leurs amis sont impliqués, en dépit du risque de blessures graves, voire mortelles.

500 confrontations vocales et physiques analysées

Dans le cadre de travaux présentés dans la revue Nature Communications, des experts ont observé les communautés de chimpanzés dur parc national de Tai (Côte d’Ivoire) pendant plusieurs décennies et documenté leurs interactions sociales, l’étendue de leurs territoires ainsi que les rencontres entre les différents groupes. « Nous avons analysé près de 500 confrontations vocales et physiques documentées au cours des 25 dernières années, impliquant la participation d’au moins une des trois communautés principales, et dont certaines se sont soldées par des blessures graves ou la mort », explique le chercheur Liran Samuni.

S’il s’est avéré que les chimpanzés mâles et femelles prenaient part à ces véritables guerres de territoire, les experts ont constaté que différents facteurs, notamment la présence de membres de la famille maternelle et de compagnons non apparentés, augmentaient la probabilité qu’un individu participe à ces affrontements inter-groupes.

« Il semble que les chimpanzés tiennent non seulement compte du nombre de membres de leur sous-groupe lorsqu’ils prennent part au combat mais également de la présence d’un individu de confiance, qui les aidera en cas d’attaque », note Catherine Crockford, auteure principale de l’étude.

Selon les chercheurs, de tels résultats chez l’un de nos plus proches parents vivants suggèrent qu’à l’instar du langage, le lien entre les relations sociales fortes et les actes collectifs induisant des risques élevés n’est pas uniquement l’apanage des humains.

Des observations riches d’enseignement

« Cette étude fait partie d’une série de plusieurs enquêtes qui établissent un lien entre la coopération au sein d’un groupe et la compétition à l’extérieur de celui-ci », souligne Roman Wittig, qui a supervisé le projet. « Si la compétition hors groupe réduit la capacité de reproduction des chimpanzés et la taille de leur territoire, elle augmente également la cohésion du groupe et, probablement facilitée par la neurohormone ocytocine, réduit la probabilité de défection au combat. »

Les chercheurs surveillent quotidiennement quatre communautés de chimpanzés voisines, et estiment que les observations glanées leur offriront une meilleure compréhension de la coopération au niveau des groupes.

« Les chimpanzés de Tai peuvent nous apprendre quels sont les outils sociaux qui confèrent à l’Homme la capacité unique de coopérer à grande échelle avec des personnes qui ne sont pas de sa famille », conclut Wittig.

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