Si le réchauffement climatique se conçoit naturellement en termes de climat et d’environnement, un rapport annuel, publié par le journal The Lancet, se concentre sur ses retombées sur la santé. Dans les prévisions actuelles d’évolution climatique, les humains nés aujourd’hui seront plus exposés à la chaleur, à l’humidité, à la pollution de l’air et aux nombreuses maladies qui y sont associées.

Une exposition croissante à des risques divers, surtout pour les plus jeunes et les plus âgés

La grande revue scientifique britannique The Lancet a publié son rapport annuel sur le réchauffement climatique. Depuis 2016, le Lancet observe et étudie les implications qu’ont et auront les évolutions du climat sur la santé des générations futures dans son « Compte à rebours sur la santé et les changements climatiques », offrant une perspective sur le rapport entre l’homme et son environnement changeant au prisme de cinq domaines : « les répercussions, les expositions et la vulnérabilité face aux changements climatiques ; l’adaptation, la planification et la résilience en matière de santé ; les mesures d’atténuation et les co-bénéfices pour santé ; l’aspect économique et financier, et l’engagement public et politique ».

À ce jour, la Terre s’est réchauffée de 1 °C par rapport à la période préindustrielle, jusqu’à 3 °C dans certaines régions comme le nord du Canada. Huit des dix années les plus chaudes ont eu lieu au cours de la dernière décennie. Le rapport tente donc d’évaluer comment les corps vont réagir : « Un enfant né aujourd’hui va connaître un monde plus de quatre degrés plus chaud que la moyenne de la période préindustrielle, le changement climatique affectant la santé humaine dès l’enfance et l’adolescence et jusqu’à l’âge adulte et la vieillesse. »

— Piyaset / Shutterstock.com

Des risques sur la santé physique et mentale 

Le changement climatique agit directement sur les ressources les plus indispensables : le rapport mentionne que le rendement potentiel des terres agricoles mondiales décroit depuis 1960, et que les variations extrêmes de température menaceront les cultures d’autant plus. Parallèlement, la sous-nutrition a augmenté dans le monde depuis 2014, ce qui, rappelle le rapport, altère profondément le développement et la santé de l’enfant de moins de cinq ans, et reste perceptible chez le futur adulte.

Si les pénuries d’eau et les sécheresses se font plus sévères et fréquentes, le climat devient plus humide, favorisant le développement de maladies : ainsi, neuf des dix années les plus favorables au développement de la dengue ont eu lieu depuis 2000, et le nombre de jours favorisant la transmission de Vibrio — un ensemble de bacilles à l’origine d’infections diverses — a doublé depuis le début des années 1980, tandis que le plus connu, le Vibrio cholerae, voit son potentiel mondial de transmission augmenter de près de 10 % en zone côtière.

La pollution de l’air devrait augmenter, avec un air plus toxique « causé par les combustibles fossiles et aggravé par la hausse des températures », ce qui a « des effets négatifs sur le cœur, les poumons et tous les autres organes vitaux » ne disparaissant pas dans le temps. L’Europe est la région la plus vulnérable aux vagues de chaleur, avec ses populations âgées les plus vulnérables, et une prévalence de maladies cardiovasculaires et respiratoires.

Les conséquences de l’exposition à la chaleur sont autant psychologiques que physiques : « Les conséquences psychopathologiques de l’exposition aux chaleurs sont bien connues et documentées, et incluent stress thermique et malaises, des maladies rénales, une exacerbation des insuffisances cardiaques, et un risque augmenté de violences interpersonnelles et collectives. » Les vagues de chaleur extrême mettent en particulier les enfants en danger avec un risque accru de fièvres, de maladies respiratoires et rénales.

Peut-on se permettre d’être optimistes sur la transition énergétique ?

Le rapport prend en compte les limites définies par les accords de Paris, voulant limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C. En suivant ce cap, la disparition des énergies fossiles (charbon et pétrole) dans nos modes de vie et de transport « permettrait de transformer dans le bon sens la santé d’un enfant né aujourd’hui, et ce, tout au long de sa vie ».

Les auteurs restent relativement optimistes : « Une telle transition pourrait être en train de se dessiner », avec, malgré l’augmentation de la consommation de charbon en 2018, des indicateurs positifs sur sa réduction dans des pays comme la Chine. En effet, l’électricité à faible émission de carbone a atteint 32 % de l’électricité mondiale en 2016, un record.

Les efforts faits en Europe ont payé : la qualité de l’air s’est améliorée entre 2015 et 2016, ce qui « pourrait entraîner une réduction des années de vie perdues à hauteur de 5,2 milliards d’euros par année, si cette réduction demeurait constante au cours d’une vie ». À l’échelle mondiale, les services de santé des pays offrent une meilleure réponse aux effets sanitaires des changements climatiques.

Cependant, notent les auteurs, les progrès restent insuffisants et les indicateurs « évoquent un monde aux prises avec un réchauffement qui se produit plus rapidement que les gouvernements ne sont en mesure de réagir, ou ne sont disposés à le faire ». Les constats sont alarmants, les perspectives futures tout à fait sombres, mais l’urgence est réelle et concerne chacun : « La vie de chaque enfant aujourd’hui sera profondément affectée par le changement climatique. Sans intervention plus rapide, cette nouvelle ère, caractérisée par des conditions changeantes, va devenir l’état de santé des personnes à chaque étape de leur vie. » 

Ce rapport, qui se veut donc un observateur contemporain des problématiques futures, indique que la situation actuelle nécessite rien de moins qu' »une réaction mondiale sans précédent ». Ce que les auteurs espèrent voir en action lors de la COP25, début décembre en Espagne.

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