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Cette étude révèle que l’anorexie n’est pas qu’une maladie mentale, elle est également physiologique

Cette maladie toucherait jusqu'à 4 % des femmes et 0,3 % des hommes

Nous le savons depuis bien longtemps maintenant, l’anorexie est considérée comme une maladie psychiatrique grave. Cependant, l’état psychologique d’une personne ne suffirait toujours pas à expliquer la survenue de cette maladie. Des chercheurs du King’s College de Londres ont montré que les caractéristiques de l’ADN de certaines personnes altéraient la manière dont leur métabolisme traitait les graisses et les sucres, ce qui pouvait de ce fait rendre plus facile le fait d’affamer leur corps.

Comment définir l’anorexie ?

L’anorexie est un trouble de l’alimentation qui amène certaines personnes à perdre le plus de poids possible en mangeant le moins possible et en faisant parfois de l’exercice de façon excessive.

Nous vous incitons à la plus grande précaution concernant l’anorexie, dans la mesure où vous pouvez très rapidement être pris dans cet engrenage. Les symptômes principaux de cette maladie sont les suivants :

  • l’absence de menstruations
  • un repli sur soi
  • une phobie de prendre du poids
  • une perception déformée de son corps et un refus de reconnaitre sa maigreur
  • un IMC très bas (inférieur à 17,5)
  • la mise en place de stratégies d’amaigrissement : sport intensif, prise de laxatif, vomissements…

L’anorexie affecte plus particulièrement les jeunes filles, mais peut également toucher les garçons, qui représentent 10 % des victimes de cette pathologie. Elle se manifeste le plus souvent entre 14 et 17 ans, avec un pic à 16 ans, mais peut également survenir vers l’âge de 8 ans ou après 18 ans. À long terme, l’anorexie peut endommager les muscles, les os, le cœur, nuire à la fertilité et être fatale. 5 % à 15 % des personnes touchées par cette maladie décèderaient. L’anorexie est la maladie mentale la plus meurtrière. Elle touche 1 % à 4 % des femmes et 0,3 % des hommes.

Photographee.eu / Shutterstock

Comment est vécue l’anorexie ?

Laura Shah, 23 ans, originaire du Suffolk en Angleterre, se confie à la BBC. Son anorexie a été diagnostiquée à l’âge de 15 ans et elle a quitté l’école pour suivre un traitement et être soignée.

Cette élève brillante faisait beaucoup d’exercice physique au début, c’était pour elle un mécanisme de défense, de survie face à son manque d’estime de soi. Prise dans cette spirale infernale, elle s’enferma dans un cercle vicieux dont elle eut du mal à s’échapper. Cela devint incontrôlable. Selon ses propos, sa maladie eut un impact « massif et plutôt horrible » sur sa famille, puisque sa mère avait dû quitter son emploi pour s’occuper d’elle (à l’époque, son père travaillait à l’étranger) et cela avait fini par créér « beaucoup de problèmes de confiance » entre elles.

Elle va beaucoup mieux maintenant, mais elle se bat encore tous les jours contre l’anorexie. En effet, par exemple, sortir au restaurant à l’occasion d’un rendez-vous est très compliqué pour elle puisque « c’est gênant de ne pas pouvoir manger« . En outre, il est très difficile d’écouter ses collègues parler de faire un régime : cela déclenche en elle des pensées et des comportements anorexiques. 

Que nous dit l’étude ?

Les chercheurs ont examiné 16 992 personnes souffrant d’anorexie et 55 525 personnes sans maladie, originaires de 17 pays différents. Il s’agit de l’étude génomique la plus large jamais réalisée sur l’anorexie. Leur ADN a intégralement été analysé et les scientifiques ont pu mettre en évidence des ressemblances entre les différentes personnes atteintes de cette pathologie.

L’étude publiée dans Nature Genetics a révélé certaines mutations, également présentes dans l’ADN de personnes souffrant d’autres troubles psychiatriques tels que le trouble obsessionnel compulsif, l’anxiété et la schizophrénie. Mais ils ont également constaté des mutations dans les instructions génétiques qui contrôlent le métabolisme du corps, en particulier celles impliquant la glycémie et la graisse corporelle. Les chercheurs du King’s College et de l’université de Caroline du Nord à Chapel Hill estiment que l’anorexie devrait maintenant être considérée comme un « trouble métabo-psychiatrique« , car il s’agit d’une maladie mentale aussi bien que physiologique.

Les chercheurs soupçonnent donc que ces mutations génétiques font que certaines personnes arrivent à rester affamées plus longtemps, tandis que lorsque la plupart des gens maigrissent, des signaux dans le corps sont envoyés pour stimuler l’appétit. Cela les aide donc à mieux “contrôler” leur poids.

Selon la Pr Treasure, chercheuse à l’Institut de psychiatrie du King’s College : « Il est possible que lorsque des personnes perdent du poids du fait de l’anorexie mentale, celles-ci n’aient pas un fil conducteur (de leur métabolisme) assez puissant pour leur permettre de revenir à la normale (concernant leur appétit). »

En fait, les signaux de leur corps envoyés à l’estomac ou au cerveau pour stimuler l’appétit ne seraient pas assez puissants pour les pousser à se nourrir. Les gènes métaboliques semblent en fait se combiner à ceux liés à des problèmes psychiatriques et augmentent le risque d’anorexie, d’après les scientifiques. La moitié des cas pourrait ainsi être expliquée par la génétique, et le reste attribué aux événements de la vie et à d’autres facteurs.  

Que nous révèlent ces résultats ? 

Beat, une association caritative spécialisée dans les troubles de l’alimentation, a déclaré que ces conclusions étaient révolutionnaires. Selon la Pr Treasure, elles sont également très importantes, qu’il « est difficile de savoir en quoi consiste le trouble de l’anorexie. Maintenant, nous savons qu’il s’agit d’un mélange complexe entre métabolisme et psychologie, qui interagissent et provoquent ce trouble complexe.« 

Ces découvertes sont également révolutionnaires dans la mesure où elles pourraient persuader les patients de suivre un traitement. Cette étude pousse donc les scientifiques à étudier en profondeur le métabolisme des personnes souffrant d’anorexie et d’autres troubles de l’alimentation afin de mettre en place des traitements liés à des problèmes de métabolisme, voire pour déterminer les patients susceptibles de rechute : cela est un problème récurrent en ce qui concerne l’anorexie.

Cynthia Bulik, co-auteure de l’étude, est optimiste et espère que les pharmacogénéticiens parviendront à trouver un traitement médicamenteux efficace en se basant sur cette étude.

Par Jeanne Gosselin, le

Source: BBC

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