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Des bactéries intestinales à l’origine de la cécité due à certaines maladies oculaires ?

Les maladies oculaires ont longtemps été considérées comme génétiques

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— Kitreel / Shutterstock.com

Certaines maladies oculaires sont largement considérées comme résultant d’une simple question de génétique. Mais de nouvelles recherches ont révélé que les bactéries intestinales pourraient jouer un rôle dans la perte de vision. Cette découverte suggère que les traitements pour certaines affections cécitantes pourraient résider dans la gestion des milliards de microbes vivant dans nos intestins.

Les problèmes oculaires ne proviennent pas que des yeux

Des chercheurs de l’University College London et du Moorfields Eye Hospital ont dévoilé un lien potentiel entre les bactéries intestinales et la perte de la vue dans certaines maladies oculaires héréditaires. Autrement dit, cette recherche – dont les résultats ont été publiés dans la revue Cell – suggère que certaines maladies oculaires héréditaires, que l’on croyait auparavant uniquement causées par la génétique, pourraient également impliquer des bactéries intestinales qui se déplacent jusqu’à l’œil.

Les chercheurs ont notamment découvert qu’une mutation génétique spécifique pouvait affaiblir les défenses de l’organisme, permettant aux bactéries intestinales de s’infiltrer dans l’œil et de provoquer une perte de vision. L’étude s’est concentrée sur la mutation du gène CRB1, un gène qui est crucial pour maintenir l’intégrité des barrières oculaires et intestinales, et dont la mutation est largement connue pour être une cause majeure de plusieurs maladies oculaires héréditaires.

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© Peng et al., Cell, 2024

De nouveaux traitements pour les maladies oculaires héréditaires ?

Dans les maladies oculaires associées au CRB1, la déficience visuelle commence jeune. Plus précisément, chez les patients souffrant d’une maladie oculaire liée à une mutation du CRB1, la rétine – le tissu situé à l’arrière des yeux qui convertit les longueurs d’onde de la lumière en signaux que le cerveau interprète comme de la vision – ne parvient pas à développer sa fine structure en couches de cellules photoréceptrices sensibles à la lumière, devenant anormalement épaisse. Les chercheurs ont voulu savoir s’il y avait des implications plus larges associées à la mutation du CRB1.

Pour ce faire, ils ont réalisé des expériences sur des souris et ont alors découvert que le gène CRB1 est essentiel au contrôle de l’intégrité du tractus gastro-intestinal inférieur. C’est la première fois qu’une telle observation est enregistrée. Dans le tractus gastro-intestinal inférieur, ce gène permet de combattre les agents pathogènes et les bactéries nocives en régulant tout ce qui passe entre le contenu de l’intestin et le reste du corps. Les chercheurs ont noté que lorsque le gène présente une mutation particulière qui atténue son expression – réduisant ainsi son effet –, les barrières de la rétine et de l’intestin peuvent subir une brèche, conduisant ensuite les bactéries de l’intestin à se déplacer à travers le corps jusqu’aux yeux.

Cela peut provoquer des lésions dans la rétine, pouvant ensuite entraîner une perte de vision. Outre cela, la recherche suggère également que ces affections oculaires pourraient être traitées avec des antimicrobiens qui régulent les milliards de microorganismes présents dans les intestins. D’ailleurs, un traitement antibiotique a permis de prévenir la perte de vision chez un groupe de souris, bien que de tels traitements n’aient pas reconstruit les barrières cellulaires affectées dans l’œil.

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