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Il y a 15 000 ans, manger ses proches décédés était étonnamment courant en Europe

« Au lieu d'enterrer leurs morts, ils les mangeaient »

— Design Projects / Shutterstock.com

Une rigoureuse analyse archéologique et génétique indique que le cannibalisme était une pratique funéraire courante dans certaines régions d’Europe à la fin du Paléolithique supérieur.

Cannibalisme routinier

La plupart des témoignages archéologiques étudiés provenaient de la grotte paléolithique de Gough, dans le sud-ouest de l’Angleterre, où des marques de coupe et de mastication avaient été identifiées sur plus de 100 ossements humains vieux de 15 000 ans. Associés aux découvertes similaires réalisées sur d’autres sites européens datant de la même période, ils constituent la preuve la plus ancienne d’un comportement cannibale routinier chez les groupes humains magdaléniens, qui occupaient alors le nord-ouest de l’Europe.

« Au lieu d’enterrer leurs morts, ils les mangeaient », explique Silvia Bello, co-auteure de la nouvelle étude, publiée dans la revue Quaternary Science Reviews. « Ces nombreux éléments indiquent que le cannibalisme funéraire était une pratique répandue parmi ces communautés. »

Les analyses génétiques réalisées en parallèle suggèrent que ces populations auraient été progressivement remplacées par des groupes épigravettiens, venus du sud du continent et pratiquant des enterrements classiques, conduisant finalement à la disparition du cannibalisme funéraire dans cette région du globe.

« Pour mieux replacer la grotte de Gough dans son contexte, nous avons passé en revue tous les sites archéologiques attribués à la culture magdalénienne », détaille William Marsh, également co-auteur de l’étude. « Au cours de la période terminale du Paléolithique, on observe un changement à la fois dans l’ascendance génétique et dans le comportement funéraire, ce qui constitue un exemple frappant de diffusion démographique. »

Alternatives exotiques

Si les humains ont adopté toutes sortes de rites funéraires au fil des millénaires, aujourd’hui encore, des alternatives « exotiques » à l’enterrement traditionnel subsistent dans différentes régions du monde.

Dans certaines parties de la Chine, ainsi qu’en Mongolie, au Népal et en Inde, l’inhumation céleste consiste à exposer les cadavres à l’air libre afin qu’ils soient dévorés par les vautours. Sa variante tibétaine implique le découpage du corps du défunt, dont la chair est mélangée à de la farine d’orge, du thé et du lait de yak, avant d’être donnée aux rapaces.

Aux États-Unis, de plus en plus de personnes se tournent vers le compostage humain, consistant comme son nom l’indique à laisser le corps des défunts être décomposé par les bactéries jusqu’à former un terreau.

Par Yann Contegat, le

Source: IFL Science

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