momie égyptienne
Vase canope en calcaire découvert dans le tombeau de Senetnay — © Christian Tepper / Museum August Kestner

L’examen approfondi de la dépouille momifiée d’une noble égyptienne a permis la mise en évidence des différents ingrédients utilisés pour son embaumement, il y a plus de trois millénaires.

Des baumes complexes

Nourrice du pharaon Amenhotep II, Senetnay était l’épouse de Sennefer, maire de Thèbes, antique ville égyptienne située sur les rives du Nil, à environ 800 kilomètres au sud de la Méditerranée. Si ses restes, ainsi que différents objets funéraires, avaient été initialement exhumés par l’archéologue britannique Howard Carter en 1900, il a fallu attendre plus d’un siècle pour qu’ils livrent leurs secrets.

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Scientific Reports, des chercheurs de l’Institut Max Planck de géoanthropologie se sont appuyés sur la spectrométrie de masse avec chromatographie en phase gazeuse et liquide pour analyser différents échantillons de baume provenant de deux jarres en calcaire utilisées pour conserver les poumons et le foie de Senetnay.

L’équipe a découvert que les deux récipients contenaient un mélange de cire d’abeille, d’huiles végétales et de graisses animales. Des composés naturels odorants tels que la coumarine (dont l’odeur rappelle celle de la vanille) et l’acide benzoïque (présent dans les résines et les gommes parfumées obtenues à partir de plusieurs types d’arbres et d’arbustes) ont également été identifiés.

momie égyptienne
— life_in_a_pixel / Shutterstock.com

Deux ingrédients « exotiques » ont surpris les chercheurs : le larixol, extrait de la résine des mélèzes, abondants dans le nord et le centre de l’Europe, et du dammar, gomme parfumée provenant du bois des pistachiers, poussant en Inde et en Asie du Sud-Est.

Haut statut et relations commerciales longue distance

La momie et les vases-canopes avaient été découverts dans un tombeau de la vallée des Rois, célèbre site archéologique ayant accueilli les dépouilles de nombreux pharaons célèbres, incluant Toutânkhamon, Séti Ier et Ramsès II.

Selon l’équipe, la complexité inhabituelle des substances utilisées pour la momification de Senetnay (ayant vécu sous la 18e dynastie égyptienne, vers 1450 avant notre ère) témoignent de son haut rang et de l’existence précoce de réseaux commerciaux mondiaux.

« Il s’agit des baumes les plus riches jamais identifiés pour cette période, constitués d’ingrédients peu évoqués dans les sources textuelles égyptiennes », écrivent les auteurs de l’étude. « Ils illustrent à la fois le statut exceptionnel de la défunte et la myriade de relations commerciales des Égyptiens au IIe millénaire avant notre ère. »

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