momie
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Des analyses biochimiques de résidus organiques vieux de 2 500 ans ont révélé le vaste éventail de substances utilisées par les embaumeurs égyptiens au cours du processus de momification.

Un vaste éventail de substances pour assurer la conservation des dépouilles

Si l’examen de momies et de textes anciens avait offert un bon aperçu des méthodes employées par les anciens Égyptiens pour préserver le corps des défunts, la récente analyse du contenu d’objets découverts dans un atelier d’embaumement souterrain de la nécropole antique de Saqqarah, au sud du Caire, a permis de faire la lumière sur les composés utilisés.

Datant de la 26e dynastie (664 à 525 avant notre ère), cette structure comportant plusieurs pièces abritait des centaines de récipients en céramique, soigneusement étiquetés en fonction de leur contenu ou de leur usage. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature, des chercheurs ont analysé les résidus organiques trouvés dans 31 d’entre eux, et identifié plusieurs ingrédients utilisés par les embaumeurs de l’époque, incluant des graisses animales, de la cire d’abeille, de la résine de pistache, du bitume et plusieurs huiles végétales.

Selon les chercheurs, ces substances étaient utilisées à différentes fins avant de recouvrir le corps de bandelettes. Alors que certains matériaux durs, comme la cire d’abeille et les résines, contribuaient à retirer l’humidité résiduelle de la peau, et les graisses animales et huiles végétales à masquer les odeurs émanant de la dépouille, d’autres ingrédients visaient à empêcher la prolifération des champignons et des bactéries.

Egypte
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« Les anciens Égyptiens savaient quelles substances appliquer sur la peau afin de la préserver, sans avoir aucun bagage microbiologique ou connaissance de l’existence des bactéries », explique l’archéologue Philipp Stockhammer, co-auteur de la nouvelle étude. « Ces vastes connaissances ont été accumulées pendant des siècles. »

Des découvertes inattendues

Ces travaux ont également révélé que ces substances étaient utilisées de manière stratégique afin de conserver des parties spécifiques du corps (l’huile de ricin et la résine de pistache étaient ainsi dédiées à la préservation de la tête), et qu’une concoction appelée « antiu », que l’on traduisait auparavant par myrrhe ou encens, était en fait une combinaison de différents ingrédients, notamment des graisses animales, de l’huile de cèdre, de genévrier et de cyprès.

D’après Stockhammer, l’une des découvertes les plus surprenantes était que les embaumeurs de l’Égypte antique utilisaient des substances provenant de sites très éloignés, notamment d’Asie du Sud-Est, à des milliers de kilomètres de là.

« Cela suggère que l’industrie égyptienne de l’embaumement a joué un rôle important dans le développement de réseaux commerciaux mondiaux », conclut-il.

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