Les ancêtres des bactéries issues d’un lac africain présentant une forte concentration en fer pourraient avoir joué un rôle majeur dans le maintien du climat précoce de la Terre et dans la formation des plus grands gisements de minerai de fer du monde il y a des milliards d’années.

Le rôle fondamental des bactéries

Les bactéries possèdent des caractéristiques chimiques et physiques particulières qui, en l’absence totale d’oxygène, leur permettent de convertir l’énergie fournie par le Soleil en minéraux ferreux et en biomasse cellulaire, qui va entraîner à terme la production de méthane, puissant gaz à effet de serre, par d’autres microbes. « En utilisant des techniques géomicrobiologiques modernes, nous avons découvert que certaines bactéries possèdent des surfaces permettant l’expulsion de minéraux ferreux vers le fond marin », explique Katharine Thompson, auteure principale de cette étude parue dans la revue Sciences Advances.

« À grande échelle et sur de longues périodes de temps, cela va provoquer la formation d’importants gisements de minerai de fer », poursuit la scientifique. « Séparées de ces minéraux, ces bactéries vont ensuite continuer à nourrir d’autres microbes qui fabriquent du méthane. Et c’est probablement ce méthane qui a permis de garder l’atmosphère terrestre suffisamment chaude, à une époque où le rayonnement solaire était beaucoup moins intense qu’aujourd’hui. » Selon les auteurs de l’étude, cela fournirait une possible explication au paradoxe du jeune Soleil faible, énoncé par l’astronome américain Carl Sagan en 1972.

Les bactéries analysées provenaient du lac Kivu, situé à la frontière entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.

Cette découverte fournirait une possible explication au paradoxe de Sagan

Ce paradoxe désigne la contradiction apparente entre la présence de vastes étendues d’eau à l’état liquide sur cette Terre primitive et les estimations qui suggèrent que le Soleil ne brillait qu’à 70 % de son intensité actuelle plusieurs milliards d’années en arrière, ce qui aurait normalement dû se traduire par une planète gelée où les formes de vie auraient été extrêmement rares. Ces nouveaux travaux appuient la théorie proposée par James Walker en 1987, voulant que notre planète disposait à cette époque d’une atmosphère riche en méthane, en mettant en avant le rôle majeur des interactions bactériennes-minérales dans ce processus.

« Les connaissances fondamentales acquises grâce aux études utilisant les outils et les techniques géomicrobiologiques modernes transforment notre vision de l’histoire ancienne de la Terre et des processus qui ont rendu cette planète habitable et permis l’apparition de formes de vie complexes, incluant les humains », avance le professeur Sean Crowe, co-auteur de l’étude. « Cette compréhension des processus chimiques et physiques par lesquels les bactéries interagissent avec leur environnement pourrait également être utilisée pour développer des matériaux de construction innovants ou de nouvelles approches thérapeutiques », poursuit-il.

— nobeastsofierce / Shutterstock.com

Ce type d’interactions présente également un grand intérêt dans le domaine de la géo-ingénierie : les chercheurs pourraient notamment s’en inspirer afin de piéger et de stocker le CO2 présent dans l’atmosphère.

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fredo.kikouyou
fredo.kikouyou
4 années

j’ai trouve le titre de l’article mal fait car déjà les bactéries sont déjà une forme de vie donc dire qu’une forme de vie qui existe a favorisé l’apparition de la vie sur Terre est fausse vu qu’elle existe déjà si le titre était plutôt formulé à favoriser l’apparence de… Lire la suite »