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Dans le domaine de la recherche scientifique, il est essentiel d’apporter des preuves et des arguments solides lorsqu’on fait une découverte ou lorsqu’on émet une hypothèse. Cela a fait défaut à Avi Loeb, un astrophysicien théoricien à l’université Harvard qui a affirmé avoir découvert des « matériaux extraterrestres » en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Avi Loeb et sa découverte extraordinaire

Plus tôt, au mois de juillet, Avi Loeb, professeur à Harvard, a déclaré avoir trouvé des fragments de technologie extraterrestre dans l’océan Pacifique, dans les eaux au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Selon ses hypothèses, ces matériaux extraterrestres sphériques proviennent de la météorite IM1 qui s’y est écrasée en 2014. Des analyses ont effectivement confirmé qu’il est possible que les sphérules proviennent d’un autre Système solaire. Cependant, de nombreux scientifiques restent sceptiques sur l’authenticité de cette découverte.

Notons que pour justifier son hypothèse, Avi Loeb a fourni un ensemble très détaillé de données analytiques de 57 des 700 sphérules qu’il a récoltées. Il a soumis son rapport à la publication dans une revue scientifique. Cependant, le rapport n’a pas encore été soumis à l’examen par les pairs dont les universitaires ont besoin avant de considérer la recherche comme légitime. Et il est fort probable que cela n’aille pas dans la direction espérée par l’astrophysicien.

Dernièrement, des scientifiques qui ne sont pas liés à la recherche d’Avi Loeb ont déclaré qu’il y avait des incohérences dans la recherche de l’astrophysicien. Pire encore, ils ont affirmé que ses interprétations des sphérules ne pouvaient pas être faites avec la recherche que Loeb a effectuée. « Loeb a récupéré des particules intéressantes, mais aucune des preuves qu’il présente n’est suffisamment convaincante pour en déduire que les matériaux sont soit liés à IM1, soit proviennent d’un vaisseau spatial extraterrestre », a notamment déclaré la paléontologue Monica Grady.

Des théories intéressantes, mais pas assez convaincantes

Si l’on observe la composition des sphérules – qui sont particulièrement riches en éléments comme le nickel, le magnésium et le manganèse – à première vue, cela correspond effectivement à la composition d’une météorite. Quelques sphérules se sont même distinguées par des compositions élémentaires plus inhabituelles. Ces dernières ont été nommées particules « BeLaU » par Loeb, car elles sont riches en béryllium, lanthane et uranium. Loeb a affirmé qu’il était exclu qu’il s’agisse de matériaux naturels, terrestres ou extraterrestres provenant du Système solaire, sur la base de leurs compositions isotopiques en fer.

Si cela peut sembler assez convaincant, c’est en fait assez incohérent. Malgré leur composition inhabituelle, cela ne constitue pas une preuve solide pour affirmer que ces sphérules proviennent d’au-delà du Système solaire. En fait, cela n’exclut même pas qu’ils proviennent d’organismes n’ayant pas subi un processus de formation planétaire, comme les astéroïdes de notre Système solaire dont proviennent habituellement les sphérules cosmiques. Par ailleurs, il y a bien d’autres possibilités sur les origines de ces sphérules.

L’une des explications possibles étant que ces sphérules ne proviennent même pas de l’espace. Monica Grady a notamment expliqué – de manière spéculative – que les Îles Marshall se trouvent à proximité du site où les sphérules ont été récoltées. Ces îles ont été utilisées pour des essais nucléaires en 1946 et 1958, engendrant des dégâts causés par les radiations. La scientifique a déclaré qu’il était aussi possible que ces sphérules résultent de ces tests, une sorte de supernova générée par l’Homme. En bref, pour l’instant, les preuves disponibles ne sont pas suffisantes pour confirmer les conclusions d’Avi Loeb.

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