
Dans l’ouest de l’Ukraine, des archéologues ont mis au jour des objets inattendus. Faits d’ivoire de mammouth, ceux-ci remontent à 400 000 ans, bien avant qu’Homo sapiens n’atteigne l’Eurasie.
Des découvertes inattendues
Le Paléolithique inférieur (il y a entre 2,6 millions et 200 000 ans), a vu l’émergence d’un vaste éventail d’outils en pierre et en os. Jusqu’à présent, les objets en ivoire (matériau bien plus souple) étaient largement liés à l’apparition de techniques de taille perfectionnées, à l’aube du Paléolithique supérieur (il y a environ 50 000 ans).
Décrites dans l’International Journal of Osteoarchaeology, les découvertes récentes réalisées sur le site ukrainien de Medzhibozh A bouleversent largement cette chronologie.
L’analyse de 24 petits fragments d’ivoire de mammouth, associés à plusieurs artefacts en silex et en quartz, a révélé que 11 d’entre eux avaient été délibérément façonnés par des mains humaines, et au moins trois taillés à l’aide d’une technique de type « marteau-enclume », utilisée pour produire des outils lithiques.
« Nous n’avions jamais vu ou entendu parler d’objets en ivoire datant du Paléolithique inférieur », souligne Vadim Stepanchuk, co-auteur de la nouvelle étude. « Ils étaient également inhabituellement petits. »

Un comportement d’imitation ou de jeu
Associée au fait que l’ivoire se révèle notoirement plus difficile à travailler que la pierre et n’offre pas de tranchant durable, cette caractéristique suggère que les anciens habitants de la région auraient expérimenté différents types de roches et de matériaux apparentés, et que ces « mini outils préhistoriques » auraient pu refléter « un comportement d’imitation ou de jeu », avec des enfants reproduisant « les gestes de tailleurs adultes ».
Il pourrait également s’agir de témoignages « d’activités éducatives » : les membres les plus âgés du groupe auraient pu enseigner aux plus jeunes les rudiments de la fabrication d’outils en pierre en privilégiant un matériau plus « doux ».
Si l’identité de l’espèce impliquée reste à ce stade un mystère, ces découvertes révèlent « une dimension supplémentaire de l’éventail comportemental des premiers humains », selon les chercheurs.
Il y a quelques années, 98 artefacts en os d’éléphant avaient été découverts sur un site paléolithique italien également vieux de 400 000 ans.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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