La Californie vient de voter une loi permettant à ses citoyens de choisir une autre méthode que l’incinération ou l’enterrement pour s’occuper du corps d’un défunt. Réputée plus écologique et économique, cette méthode consiste… à « liquéfier » le corps humain.
L’aquamation en question
Le 16 octobre dernier l’état de Californie a fait adopter une nouvelle loi qui permettra aux résidents de l’état d’avoir le choix entre trois types de funérailles. Si l’on connaît forcément déjà la crémation, ou incinération, qui consiste à brûler les cadavres et les réduire en cendres, et l’enterrement, la troisième option est beaucoup plus surprenante.
Appelée aquamation par certains, cette alternative consiste en la liquéfaction du corps humain en utilisant la technique de l’hydrolyse alcaline. Bien que très peu connue, cette technique n’est pourtant pas nouvelle puisque le premier dépôt de brevet aux États-Unis remonte à 1888. Il s’agissait à l’époque d’une méthode pour traiter les os et les déchets animaux. Depuis, l’hydrolyse alcaline a été modernisée pour être fortement utilisée lors de funérailles d’animaux de compagnie, par exemple.
Le principe
Comme le corps humain est composé à 60 % d’eau, ce sont les protéines, la graisse ou encore le sang qu’il reste à dissoudre. C’est ainsi le rôle de ce bain chimique, composé d’une solution alcaline. Le corps humain est placé dans un bac rempli de ce liquide puis est chauffé à environ 180°C pendant plusieurs heures pendant qu’une pression de 10 bars est exercée à l’intérieur du bac.
Une fois ce processus terminé, il ne reste plus qu’un liquide couleur café ainsi que tous les restes qui n’ont pas pu être dissous, comme les implants métalliques (vis, plaques ou encore le plombage des dents). Les os sont quant à eux réduits à une fine poudre. Tout ces restes sont ensuite réduits en cendres, de la même façon que dans les crématoriums.
Quels avantages ?
Là où le bât blesse est pour le coût que les sociétés de pompes funèbres ont à mettre pour proposer cette méthode. Les machines utilisées pour ce processus sont particulièrement coûteuses : 150 000 dollars pour un modèle de base et jusqu’à 500 000 dollars pour un modèle plus sophistiqué. La rapidité de la technique influe également sur le prix puisque pour une aquamation de trois heures, il faut monter jusqu’à 220 000 dollars, contre 150 000 pour un procédé de seize heures. En revanche, le coût pour les particulier qui viendraient à choisir la liquéfaction serait beaucoup plus réduit par rapport aux alternatives.
En plus, selon plusieurs adeptes de cette méthode, la liquéfaction a comme avantage d’être plus écologique que l’incinération, par exemple. Certaines entreprises parlent même de « crémation durable » . En effet, l’aquamation émettrait trois fois moins de gaz à effet de serre que la crémation. Le procédé consommerait en outre dix fois moins d’énergie que l’incinération. En outre, le liquide qui résulte de cette technique peut également être utilisé comme fertilisant pour les sols et les cultures, même si, pour l’instant, cette option n’est quasiment pas exploitée.
Pour les familles, c’est aussi une façon plus douce de gérer les restes d’une personne aimée : « Quand c’est une famille qui vient de perdre un père ou une mère, ses membres sont dans un état de grande émotion et ils regardent ce processus et se disent qu’il est moins agressif« , explique au New York Times Jason Bradshaw, président d’une société de service funéraire.
Par Corentin Vilsalmon, le
Source: Sciences & Avenir
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