Si pour se protéger de l’Homme les animaux ont tendance à éviter de croiser leur chemin, ils ne s’arrêtent pas là. Une étude menée par des chercheurs américains et publiée le 15 juin 2018 dans la prestigieuse revue Science affirme que les animaux vont jusqu’à augmenter leurs activités nocturnes pour éviter l’homme.

 

DES ANIMAUX CONTRAINTS DE VIVRE LA NUIT 

L’étude se base sur 76 études précédentes, menées sur 62 espèces de mammifères évoluant sur 6 continents et le constat est sans appel. En comparant les animaux soumis à la présence humaine et les autres, les chercheurs se sont aperçus que les animaux, ne pouvant se soustraire que difficilement à leur présence, préféraient sortir la nuit.

D’ordinaire, les autres mammifères sont davantage crépusculaires, avec des activités en fin de nuit-début de journée, et une autre phase en fin de journée. Pourtant par crainte de l’homme et de ses activités, les chercheurs ont noté “qu’un animal qui partage ses activités de manière égale entre le jour et la nuit va augmenter sa proportion d’activités nocturnes à 68 % de son activité totale à proximité de perturbations anthropiques ».

DES CONSÉQUENCES ÉCOLOGIQUES INQUIÉTANTES

Si cet évitement peut permettre de faciliter une cohabitation entre espèces parfois compliquée, les scientifiques s’accordent à penser que ce n’est pas la solution parfaite. En effet, si certains animaux s’adaptent parfaitement à cette vie nocturne, d’autres n’ont pas les capacités de le faire. Certains se retrouvent alors plus vulnérables aux prédateurs, ont des difficultés à trouver de la nourriture ou encore à se localiser dans le noir.

Les grands singes, par exemple, vivent comme les hommes, le jour. S’ils sont forcés de vivre la nuit, ils auront du mal à trouver de la nourriture et à développer des activités sociales. Une pression supplémentaire pour des espèces qui souffrent déjà de la réduction de leur habitat naturel ou du braconnage.

Les conséquences écologiques de cette situation sont inquiétantes. Les animaux concernés se reproduisent moins et vivent globalement moins longtemps. « Les activités animales reflètent des millions d’années d’adaptation. Il est difficile de croire que nous pouvons simplement presser la nature à s’activer la nuit et s’attendre à ce qu’elle soit fonctionnelle et épanouie”, dénonce Justin Brashares, co-auteur de l’étude.

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