Des scientifiques britanniques ont récemment fait la lumière sur la vie, et l’après-vie, de différents animaux de l’Égypte ancienne en s’appuyant sur les dernières technologies disponibles en matière d’imagerie 3D.
Une véritable autopsie numérique
Dans le cadre de ces travaux présentés dans la revue Scientific Reports, une équipe de chercheurs de l’université de Swansea a généré des modèles 3D ultra détaillés d’un serpent, d’un oiseau et d’un chat momifiés, issus de la collection de l’établissement. Pour ce faire, ceux-ci ont utilisé la microscopie par rayons X, fournissant des images possédant une résolution 100 fois supérieure à celle d’un scanner médical.
Selon les chercheurs, ces résultats permettent de mieux comprendre la vie et les circonstances de la mort de ces animaux, et nous offrent un aperçu inédit de la culture de ces peuples anciens. Par ailleurs, il s’avère que les techniques employées ici pourraient également être adaptées à l’étude des fossiles.
« Grâce à la microtomographie, nous pouvons effectuer une autopsie numérique efficace de ces animaux de l’Égypte ancienne, plus de 2000 ans après leur mort », explique le Dr Carolyn Graves-Brown, co-auteure de l’étude. « Nous avons pu rassembler de nouvelles preuves sur la façon dont ils vivaient et mouraient, révélant les conditions dans lesquelles ils étaient gardés et les causes possibles de leur mort. Notre travail montre comment les outils de haute technologie d’aujourd’hui peuvent jeter un nouvel éclairage sur un passé lointain. »
« Auparavant, nos recherches s’étaient concentrées sur l’enveloppe externe de ces momies, étant donné que toute intervention directe à l’intérieur aurait risqué de les endommager de manière irréparable », poursuit la chercheuse. « Nous avions une idée précise des animaux qu’elles contenaient, mais pas grand-chose d’autre. »
D’importantes lésions témoignant d’un mort violente
Si des méthodes telles que la radiographie ou la tomodensitométrie sont disponibles depuis un certain temps, leur utilité se serait révélée limitée pour une telle analyse : la première ne renvoyant que des images en 2D, et la seconde possède une résolution relativement faible. L’équipe s’est donc tournée vers la microtomographie assistée par ordinateur (microCT), technique d’imagerie qui permet de générer des images 3D ultra détaillées à partir de plusieurs scanners 2D.
Selon les chercheurs, le chat momifié n’avait pas plus de 5 mois au moment de sa mort, comme le suggèrent les dents encore incluses dans l’os de sa mâchoire (voir-ci-dessous), tandis que la séparation des vertèbres de son cou indique que celui-ci a probablement été tué par strangulation. Enfin, l’oiseau, qui serait vraisemblablement une crécerelle d’Eurasie, était « globalement intact ». Les dommages superficiels au niveau de son bec et de sa patte gauche étant probablement intervenus durant le processus de momification.
Jeune spécimen de cobra égyptien, le serpent présentait des signes de lésions rénales, causées par un manque d’eau, tandis que les fractures des os de son crâne et de son cou laissent penser que celui-ci a probablement été frappé contre une surface dure. Selon l’équipe, il s’agit de la première preuve d’un rituel complexe de momification pour un tel reptile.
Ensemble pour l’éternité
Mais qu’avaient bien pu faire ces pauvres animaux pour mériter un tel traitement ? Il s’avère que les anciens Égyptiens avaient l’habitude de momifier aussi bien les animaux que les gens. Des chats, des ibis, des faucons, des serpents, des chiens et même des crocodiles ont été retrouvés momifiés.
S’il s’agissait parfois d’animaux de compagnie, ceux-ci étaient le plus souvent des animaux sauvages ou élevés en captivité pour servir de messagers, capables de servir d’intermédiaires entre les mortels et leurs dieux. Selon les historiens, plus de 70 millions d’animaux égyptiens auraient été momifiés.
Par Yann Contegat, le
Source: ZME Science
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