— Paul Reeves Photography / Shutterstock.com

Tandis que le trafic aérien montre une impressionnante croissance chaque année, les acteurs du domaine doivent trouver des solutions pour réduire l’impact environnemental. Récemment, l’avionneur européen Airbus a présenté une nouvelle manière de concevoir les trajets long-courriers, transposant l’efficacité naturelle des vols en formation d’oiseaux migrateurs afin de réduire la consommation de carburant et les émissions carbone des appareils.

Le monde du transport aérien contraint à se transformer

L’industrie du transport commercial aérien est fréquemment sous le feu des critiques pour son impact environnemental : en croissance annuelle de 6-7 % par an, elle produit à ce jour entre 2 et 4 % des émissions totales de CO2 liées à l’activité humaine. Lors du Dubai Air Show 2019, Airbus a annoncé le 18 novembre son programme fello’fly, visant à réduire les émissions des vols de ses avions au sein des différentes compagnies ; le modèle semble, théoriquement, transposable à l’ensemble de l’industrie. 

Dans une démarche biomimétique — c’est-à-dire quand l’industrie s’inspire de la nature et des écosystèmes pour en transposer les mécanismes sur des productions humaines —, Airbus cherche à faire approuver le procédé visant à faire se suivre de près deux vols long-courriers ensemble, en particulier lors de trajets transcontinentaux, afin d’en réduire les consommations de carburant et les émissions qui en découlent. 

La stupéfiante efficacité des migrations en formation en « V »

Dans la nature, de nombreux oiseaux migrateurs, les oies par exemple, volent en formation en « V » : le vol de l’oie de tête, à la pointe du « V », génère des courants d’air permettant aux oies la suivant de fournir moins d’efforts, grâce à un effet de poussée verticale. 

De récentes études ont étudié de près les vols des ces groupes : quand un oiseau bat des ailes, le flot d’air leur passe au-dessus puis suit un mouvement ascendant à leur extrémité. L’air tourbillonne et transmet de l’énergie cinétique, et les oiseaux se plaçant dans ce flux s’en retrouvent « portés ». De ce fait, ils dépensent moins d’énergie pour suivre le leader. 

Airbus annonce que ce système adapté en couplant deux avions permettrait, pour l’appareil de queue, une réduction de l’activité moteur et des économies de carburant allant de 5 à 10 %. La firme européenne a effectué ses premiers tests en 2016, qui montraient de réelles économies quand les avions se suivaient à 3 kilomètres de distance, sans que le confort passager ne soit altéré. 

Airbus espère une mise en opération dans quelques années

Les organismes de sécurité aérienne, à ce jour, n’autorisent pas une distance si réduite entre deux appareils en vol. Airbus indique qu’au moment de ces tests, les technologies de gestion du trafic aérien n’étaient pas assez avancées pour le permettre mais que de réelles améliorations, comme le contrôle de la localisation de vol en temps réel, ont été faites. Le projet impliquera une collaboration resserrée entre tous les acteurs de l’industrie — constructeurs, compagnies, autorités, régulateurs… — afin de rendre ces économies effectives pour l’ensemble du trafic aérien ; Airbus annonce chercher des solutions en collaboration avec les instances de trafic aérien et les compagnies pour développer le projet. 

Sur le plan des appareils, l’entreprise travaille à un contrôle de la précision absolue des deux vols combinés : le communiqué explique que « les solutions techniques sur lesquelles travaille Airbus incluent des fonctions d’assistance au pilotage nécessaires pour s’assurer que l’appareil reste positionné dans le courant ascendant de l’appareil qu’il suit, en maintenant la même distance, à une altitude constante ». 

Airbus devrait débuter dès 2020 des tests avec deux A350. La firme s’annonce ambitieuse pour une mise en service dès 2025, au vu des résultats prometteurs des premiers tests et de leur volonté affichée de réduire leur exploitation d’énergies fossiles. 

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