Chaque année, de plus en plus d’agressions envers les personnes LGBT+ sont recensées par le gouvernement et les associations. Devant cette effroyable escalade de violences, le gouvernement tente de réagir en mettant en place une multitude de mesures, ayant pour objectif d’endiguer cette mauvaise dynamique. Au programme, des campagnes de communication, une meilleure formation des forces de l’ordre ou encore davantage d’interventions en milieu scolaire. Explications.

 

Des chiffres alarmants

« La peur, l’ignorance et la haine nourrissent l’homophobie : nous, pouvoirs publics pouvons et devons lutter contre ce fléau par l’éducation et la répression. L’homophobie n’est jamais une opinion ». Tels sont les mots, forts, utilisés par Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ce lundi 26 novembre.

Depuis plusieurs années, les discriminations envers les personnes LGBT+ se sont accentuées de manière drastique. A Paris, Rouen ou Toulouse, les témoignages se comptent désormais par milliers, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans des services spécialisés, à l’image d’SOS Homophobie. Cette association a ainsi enregistré une hausse du nombre d’appels de 37 % en septembre par rapport au même mois de l’année dernière.

De manière plus générale, c’est une hausse globale de 15 % des plaintes pour les actes recensés comme “LGBTphobes” entre janvier et septembre 2018 par rapport à la même période de l’année dernière. Enfin, une enquête de l’IFOP a démontré que 53 % des personnes LGBT ont déjà été confrontées au cours de leur vie à au moins une forme d’agression anti-LGBT (65 % chez les homosexuels) et plus d’une sur six à des violences physiques. Le constat est donc des plus alarmants quant à la présence toujours trop forte de l’homophobie et transphobie en métropole. Le gouvernement lance ainsi en réaction une série de mesures concrètes, sensibilisant plusieurs tranches de la société, plusieurs secteurs et acteurs afin de lutter contre cet ancrage profond dans la société française.

Dans le même temps, toutes ces agressions sont de plus en plus exposées. Réseaux sociaux, associations ayant une visibilité accrue chaque jour, ce sont autant de moyens pour transmettre son témoignage et avoir de l’impact. Les victimes osent plus, que ce soit en montrant les conséquences des agressions physiques ou en répondant à des invitations au sein de divers débats.

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En réaction, le « plan d’urgence » du gouvernement

Une des premières mesures mises en place par le gouvernement est “l’élargissement des compétences de la DILCRAH”, assimilé à un développement de son budget de plus d’1.5 million d’euros par an. La DILCRAH est la délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT. Cette mesure permettra notamment de mettre en place davantage de plans d’actions contre la haine et les discriminations anti-LGBT à Paris et en métropole.

Une deuxième mesure d’accompagnement concerne l’éducation. Le gouvernement reconnait volontiers que l’éducation à la sexualité actuelle est biaisée, car elle s’axe trop sur le domaine de la reproduction. Ainsi, la vision est largement hétérosexualisée. Une réforme de ce sujet est déjà en cours depuis 2003, mais tarde à se mettre en place de par la nature tabou du sujet. Dans tous les cas, l’Education Nationale s’engage à ce que durant l’année scolaire 2018-2019, un séminaire de formation soit donnée au personnel enseignant, et plus particulièrement concernant le sexisme ambiant et les questions LGBT+.

Une formation sera également donnée aux policiers et gendarmes sur le sujet. Trop souvent, les agresseurs ne sont pas traqués et les victimes ne sont pas prises en compte. Les associations espèrent que cette mesure permettra de limiter au maximum ce genre de dénouement honteux.

Concernant les réseaux sociaux, des mesures seront également prises afin de lutter contre les messages diffamatoires sur Internet. En effet, là où la prise de parole est possible pour tous et de manière théoriquement anonyme, nombreuses sont les personnes à avoir rapporté et signalé des messages n’ayant d’autre motif que de déverser sa haine de manière gratuite et sans filtre. Pour réaliser cette véritable traque aux messages anti-LGBT, le ministère de l’intérieur a monté un partenariat avec Pharos, sa plateforme dédiée à cette activité et les réseaux sociaux tels que Twitter ou Facebook.

Enfin, un soutien aux actions du milieu associatif sera également apporté par l’Etat.

« C’est une très bonne chose que toutes les associations aient été réunies pour affirmer cette volonté de travailler ensemble », a déclaré Adrien Figula, délégué du fonds de dotation de l’association Le Refuge.

 

Un « plan d’urgence » que beaucoup nuancent

Face à ces promesses, les associations se montrent enthousiastes mais également prudentes. Le plan d’actions doit être suivi de faits, et dans un court terme.

Par ailleurs, certaines associations plaident pour que l’histoire LGBT+ devienne partie intégrante du programme scolaire d’Histoire, et l’Etat n’a pas souhaité donner de suite à cette proposition. Certaines associations demandent également davantage de mesures concernant les milieux scolaires, là où les insultes homophobes telles que “pédé” sont totalement ordinaires.

Enfin, certains notent l’absence totale d’augmentation des peines liées aux crimes LGBT+. Pour ces derniers, augmenter la gravité des condamnations permettrait d’aller vers une amélioration de la question des violences à caractère anti-LGBT.

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