ADN bijou
— © Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology

À l’aide d’une nouvelle technique de séquençage, des paléontologues sont parvenus à isoler l’ADN humain ancien s’étant déposé sur un artefact préhistorique découvert dans le sud de la Sibérie.

Séquençage non invasif

L’objet en question s’avère être une dent de wapiti (Cervus canadensis) percée d’un seul trou, qui aurait très probablement été utilisée comme pendentif. Mesurant à peine deux centimètres de long, celui-ci a été découvert dans la grotte sibérienne de Denisova. Un abri naturel situé sur les contreforts des montagnes de l’Altaï et connu pour avoir accueilli des Néandertaliens, les mystérieux Dénisoviens ainsi que des groupes d’humains modernes.

En raison de leur porosité, les dents sont davantage susceptibles de conserver des traces d’ADN, provenant par exemple de cellules de la peau ou de la sueur, que d’autres matériaux. Ce qui faisait de l’artefact sibérien un candidat tout indiqué pour tester la nouvelle approche de séquençage non destructive décrite dans la revue Nature.

Les chercheurs ont dans un premier temps utilisé une spatule souple afin de retirer soigneusement toute particule issue de la couche sédimentaire dans laquelle se trouvait la dent de cerf préhistorique. L’objet a ensuite été plongé dans des bains successifs de phosphate de sodium de plus en plus chauds, entraînant la libération de l’ADN de cerf et du matériel génétique humain ancien se trouvant à l’intérieur de la cavité.

grotte de Denisova
Travaux d’excavation dans la chambre sud de la grotte de Denisova — © Sergey Zelensky

Des résultats surprenants

« La quantité d’ADN humain récupérée en utilisant cette méthode était vraiment surprenante », explique Elena Essel, chercheuse à l’Institut Max Planck et auteure principale de l’étude. « Alors que nous nous attendions à n’en obtenir que très peu, elle s’est avérée suffisante pour le distinguer de l’ADN de l’animal. »

Si des analyses supplémentaires s’avèreront nécessaires pour établir précisément la source du matériel génétique « étranger » (sang, sueur ou autre forme biologique), sa comparaison à ceux de populations humaines connues a permis de déterminer que l’artefact avait été porté par une femme d’origine sibérienne ayant vécu dans la région il y a entre 19 000 et 25 000 ans.

Selon l’équipe, l’approche innovante utilisée pourrait permettre d’extraire de l’ADN de tous types d’artefacts existants (outils, ornements…), à condition qu’un protocole strict, visant à minimiser les risques de contamination humaine, soit systématiquement appliqué.

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