L’exposition répétée à des traumatismes collectifs, comme l’attentat du marathon de Boston en 2013 ou celui du Bataclan en 2015, a des conséquences dévastatrices. En effet, la couverture médiatique de ces terribles nouvelles nous entraîne dans un cycle de détresse. Notamment, un état de stress post-traumatique, sans vivre directement les événements. Elle nous pousse également vers une consommation encore plus grande de « mauvaises nouvelles ».

Les médias poussent les spectateurs dans une spirale de détresse

Que ce soit dans nos fils d’actualité Facebook ou Twitter, à la télévision ou encore dans les journaux, il est difficile de détourner le regard face à un article traitant d’une nouvelle fusillade de masse, ou encore de catastrophes naturelles. Il semble y avoir une raison psychologique qui nous pousse à trouver ces événements tragiques fascinants. Néanmoins, ils nous entraînent dans un cycle de détresse.

Mais aussi vers une consommation de plus en plus importante de ces mauvaises nouvelles. C’est ce que démontre une étude, publiée dans la revue Science Advances, menée auprès d’un échantillon de 4165 personnes, aux États-Unis, pendant trois ans. Les résultats indiquent que l’exposition répétée à des traumatismes collectifs nous pousse à regarder davantage de reportages sur ces événements.

Puis, à nous inquiéter davantage pour l’avenir. Et enfin, de passer encore plus de temps à surveiller les actualités lorsqu’un nouvel événement bouleversant se produit. L’équipe précise que le cycle se répète et entraîne, à chaque fois, encore plus de détresse et de consommation d’actualités. Toutefois, la psychologue Roxane Cohen Silver, de l’Université de Californie, se veut rassurante.

Selon elle, « il est naturel que les gens éprouvent un sentiment d’inquiétude et d’incertitude lorsqu’un attentat terroriste ou un ouragan dévastateur se produit ». Cependant, la vaste couverture médiatique de ces événements, via les chaînes d’information continue et les technologies mobiles, étend l’impact du traumatisme aux populations au-delà de celles directement concernées.


La faute à la répétition de l’information, aux images graphiques, aux vidéos et aux articles sensationnalistes.

Les téléspectateurs en état de stress post-traumatique, six mois plus tard

L’étude menée par une équipe de l’Université de Californie s’est concentrée sur deux attentats aux Etats-Unis. Tout d’abord, l’attentat à la bombe du marathon de Boston en 2013, puis la fusillade dans la boîte de nuit LGBT le Pulse à Orlando, en 2016. Des études antérieures ont déjà établi un lien entre le fait de regarder beaucoup de reportages sur ces événements et les effets négatifs sur la santé mentale.

Cette fois, les chercheurs ont souhaité étudier les effets à long terme. Ainsi, des volontaires ont été interviewés quatre fois entre 2013 et 2016. La première fois, entre deux et quatre semaines après l’attentat de Boston. Puis, six mois après l’attentat. Ensuite, deux ans après l’attentat. Et enfin, cinq jours après le massacre du Pulse.

Les chercheurs ont découvert un lien direct entre l’augmentation de la consommation d’actualités après l’attentat de Boston, et un état de stress post-traumatique six mois plus tard ! Ces mêmes personnes étaient d’ailleurs plus susceptibles de suivre la couverture médiatique des événements survenus au Pulse. Cette étude démontre donc que l’exposition répétée à la violence dans les médias conduit les spectateurs à une détresse qui s’étend parfois sur plusieurs années.

Les chercheurs admettent qu’il est compréhensible de se tenir informé lorsque quelque chose de terrible se produit. En effet, nous voulons savoir ce qui se passe et comment rester en sécurité. Toutefois, ils recommandent aux médias « de modérer les aspects sensationnalistes de la couverture médiatique de ces événements, afin de ne pas susciter une inquiétude et une détresse excessives chez les téléspectateurs ».

Éviter la spirale infernale

Il est donc nécessaire de trouver un équilibre entre se tenir informé et être obsédé par les événements dramatiques. Comme le prouve cette étude de l’Université de Californie, passer trop de temps à regarder, à lire ou à entendre parler de ces tragédies pour nous conduire dans une spirale infernale dont il est difficile de sortir.

De plus, le stress provoqué par une trop grande attention portée aux événements tragiques pourrait également augmenter le risque de problèmes de santé ultérieurs. Ainsi, les médias et les entreprises qui développent les réseaux sociaux devraient adopter une approche plus réfléchie face à ces événements. D’ailleurs, l’Australie veut emprisonner les dirigeants des réseaux sociaux pour propagation de contenu violent !

L’autrice de l’étude, Rebecca R. Thompson, précise que « l’exposition répétée à la couverture médiatique des traumatismes collectifs provoque des conséquences néfastes sur la santé mentale, comme des flashbacks, immédiatement après l’événement ». Elle ajoute que cela provoque également « des réactions de stress post-traumatique et des problèmes de santé physique, au fil du temps, même chez les personnes qui n’ont pas vécu directement l’événement ».

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Pierre faure
Pierre faure
4 années

Les images sont souvent violentes
Il faut préfère la radio.

Lenox
Lenox
4 années

J’ai longtemps fait partie de ces gens-là. J’étais limite en dépression. Aujourd’hui, bien des choses peuvent me faire pleurer très facilement mais je suis très empathique ce qui n’aide pas du tout. Cela dit, depuis que j’ai arrêté les réseaux sociaux et la télévision, je suis bien mieux dans ma… Lire la suite »