Menée sur des drosophiles, ou mouches à fruits, cette nouvelle étude canadienne confirme que les disparités concernant la répartition des graisses chez les humains sont avant tout liées à notre sexe.
D’importantes disparités entre hommes et femmes
Alors que les graisses stockées sont majoritairement localisées au niveau de la ceinture abdominale chez l’homme, celles-ci tendent à s’accumuler dans la région des cuisses et des hanches chez la femme, et en plus grande quantité. Afin de lever le voile sur les gènes exacts impliqués dans ces différences de répartition des cellules adipeuses, des chercheurs canadiens, dont les travaux ont été présentés dans la revue PLOS Biology, se sont penchés sur le génome de la mouche drosophile, et ont découvert que ce dernier renfermait l’une des clefs permettant de comprendre ces disparités entre les sexes.
Constitués de trois molécules d’acides gras liés à une molécule d’alcool glycérol, les triglycérides constituent la principale forme des graisses que nous stockons, et il s’agit également de la plus abondante chez les animaux. Bien que ces lipides soient essentiels à l’apport d’énergie quotidien, en excès, ils contribuent au durcissement des artères et à l’épaississement de leur paroi, ce qui se traduit notamment par une augmentation du risque d’AVC et de crise cardiaque, et sont impliqués dans différentes maladies (diabète de type 2, hypothyroïdie…).
Au cours d’analyses sur les cellules adipeuses de mouches à fruits mâles et femelles, les scientifiques canadiens ont identifié de nombreux gènes responsables de la métabolisation des triglycérides et du stockage des lipides excédentaires n’ayant pas été consommés par l’organisme. Et il s’est avéré que l’un d’entre eux, le gène bmm (une enzyme permettant d’utiliser les triglycérides plutôt que de les stocker chez différentes espèces animales), était exprimé différemment chez les mâles et femelles.
Le rôle clef de l’expression du gène bmm dans l’utilisation et le stockage des triglycérides chez la mouche drosophile
Que les mouches soient nourries normalement ou privées de nourriture, les mâles présentaient une production de bmm supérieure à celle des femelles, favorisant par extension la décomposition des triglycérides plutôt que leur accumulation dans les tissus adipeux. Cependant, quand l’expression de bmm était supprimée chez les deux sexes, il s’est avéré que chacun métabolisait et stockait la même quantité de triglycérides. Alors que la perte de bmm accroissait le stockage des triglycérides dans le corps entier, sa surexpression entraînait à l’inverse l’épuisement des réserves.
Il s’est par ailleurs avéré que la fonction de bmm était plus intense dans le corps adipeux abdominal chez les femelles, ce qui explique largement pourquoi celles-ci ne s’y stockent pas, tandis que chez les mâles, bmm agissait à la fois dans le corps adipeux, les cellules somatiques des gonades et les neurones pour réguler la dégradation et le stockage des triglycérides dans l’ensemble du corps, ce qui explique pourquoi ceux-ci possèdent moins de cellules adipeuses.
Les auteurs de l’étude espèrent que ces travaux les aideront à mieux comprendre pourquoi hommes et femmes présentent des risques différents de maladies associées à un stockage anormal des graisses, et qu’ils mèneront au développement « de nouvelles thérapies adaptées à la fois aux femmes et aux hommes pour traiter le métabolisme anormal des graisses ».
Par Yann Contegat, le
Source: Sciences et Avenir
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Il y a des exceptions…