Dans l’espoir de ressusciter le mammouth, des scientifiques créent des souris laineuses

Il s’agit actuellement de l’un des projets les plus ambitieux en matière de biotechnologie : procéder à la réintroduction génétique des mammouths. Les scientifiques se rapprochent de plus en plus de cet objectif, et une étape importante vient notamment d’être franchie. Des chercheurs ont réussi à créer des souris génétiquement modifiées qui partagent des caractéristiques similaires avec les mammouths laineux.

Le grand projet de Colossal Biosciences

L’extinction des mammouths a commencé il y a 10 000 ans, lorsque la dernière période glaciaire a pris fin pour laisser place à un environnement trop humide et trop chaud pour permettre à ces animaux de survivre. Les derniers spécimens restants ont disparu il y a environ 4 000 ans, probablement en raison de la chasse humaine. Ces mêmes humains tentent actuellement d’inverser l’extinction des mammouths. Des recherches sont en effet menées pour réintroduire génétiquement les mammouths dans notre environnement actuel en modifiant génétiquement des animaux vivants pour qu’ils ressemblent à des espèces disparues.

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L’une de ces recherches est menée par la société de biotechnologie Colossal Biosciences. Cela fait déjà plusieurs années que cette entreprise travaille sur ce projet, et il semblerait que ses scientifiques aient fait d’importants progrès dans leurs recherches. Colossal Biosciences a annoncé avoir réussi à modifier génétiquement des souris afin qu’elles présentent certaines des caractéristiques spécifiques des mammouths laineux. Ces « souris laineuses » abritent un mélange de mutations calquées sur celles des mammouths laineux, ainsi que des changements connus pour altérer la croissance des poils chez les souris.

Des souris laineuses aux mammouths laineux ?

La création de ces petits rongeurs génétiquement modifiés a fait l’objet d’une étude prépubliée sur bioRxiv. Pour comprendre la démarche des chercheurs de Colossal Biosciences, il faut savoir qu’actuellement, leur objectif est d’étudier le génome des mammouths afin de trouver des variantes génétiques qui ont contribué à leurs caractéristiques clés, comme leurs poils hirsutes, leur tolérance au froid et leurs énormes réserves de graisse. Pour ce faire, ils ont comparé les génomes extraits des restes de dizaines de mammouths et d’autres parents vivants et éteints de ces créatures, notamment des éléphants.

Le but de la comparaison était de rechercher les modifications pouvant altérer les protéines qui ont évolué au cours de la lignée des mammouths. L’étape suivante était de tester la précision de ces comparaisons. C’est dans cet objectif précis qu’ont été créées les souris laineuses. Pour ce faire, les scientifiques ont commencé par identifier les variantes génétiques liées à la longueur, à l’épaisseur, à la texture, à la couleur des poils des souris qui pouvaient correspondre aux variantes génétiques observées chez les mammouths. En tout, ils ont identifié sept gènes qui pouvaient être associés au pelage des mammouths.

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Les chercheurs ont ensuite utilisé trois techniques d’édition génétique différentes – l’élimination par RNP, l’édition de génome de précision multiplex et la réparation dirigée par homologie de précision – pour effectuer huit modifications simultanées de ces sept gènes dans des embryons de souris. Cela a entraîné plusieurs changements notables par rapport aux souris parentales qui n’ont subi aucune altération génétique. Les souris génétiquement modifiées avaient des poils jusqu’à trois fois plus longs et également la particularité d’être plus clairs, plus laineux et plus ondulés. De même, leurs moustaches étaient bouclées.

Maintenant, la prochaine étape serait de tester ces méthodes de modification génétique avec des éléphants afin d’obtenir des spécimens qui se rapprochent des mammouths. Mais aussi intéressant que cela puisse l’être, l’accomplissement de ce projet reste semé d’embuches. En plus des difficultés techniques et biologiques, les programmes de désextinction d’espèces anciennes font polémique et de nombreux scientifiques s’y opposent pour des raisons éthiques. Par ailleurs, après les mammouths, cette société biotechnologique veut ramener le dodo à la vie.